Avec “An Oak Tree” et “Truth’s a Dog Must to Kennel” du Britannique Tim Crouch, une exploration des thèmes de la vie, de la perte, du pouvoir que le théâtre peut donner aux publics
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L’autrice et metteure en scène Susanne Kennedy et l’artiste multimédia Markus Selg explorent le quotidien ordinaire d’une youtubeuse, qui, hors caméra, voit sa réalité se fissurer. Quelle est la vérité de ce que nous percevons et ressentons ?
Qui est Angela ?
Susanne Kennedy & Markus Selg : Angela est une femme normale, que nous pourrions connaître, croiser sur YouTube ou Instagram, une de nos amis, une partie de nous-mêmes, et tout cela mis ensemble ! Son nom est Angela, mais nous n’avons aucune idée de qui elle est ! Son nom est une porte d’entrée pour examiner une expérience humaine très universelle, à savoir la quête de ce que nous sommes vraiment, à laquelle on ne pourra jamais répondre et dont on ne fait l’expérience que de l’intérieur. Autant demander ce qu’est la réalité. Une sorte de rêve ? Mais qui rêve le rêve ? Qui croit complètement au rêve ? Notre réalité est une hallucination personnelle et nous appelons réalité objective une hallucination partagée. Angela pourrait donc être chacun d’entre nous, piégé dans sa propre subjectivité.
La réalité d’Angela est-elle celle des écrans ou celle sans écran ?
S.K. & M.S. : On ne peut plus séparer les deux. Les écrans sont notre réalité. On forme sa propre réalité par ce qu’on regarde, ce qu’on écoute, la façon de se présenter, celle dont on s’engage dans le virtuel. Internet fait tellement partie de nos vies qu’il est impossible de parler d’une réalité échappant à son influence. Il façonne notre façon de penser, de nous engager dans le monde, de nous voir. Impossible de croire à l’illusion d’une authenticité détachée des écrans. On peut le déplorer, mais on peut aussi y voir un enrichissement : cela dépend de son niveau de conscience. Il faut se connaître très bien pour savoir quand on est manipulé ou quand on se manipule soi-même sans même s’en rendre compte.
Comment le spectateur peut-il perdre ses certitudes avec ce spectacle ?
S.K. & M.S. : La pièce que nous créons remet en question certaines choses que nous tenons pour acquises, comme le langage ou des situations qui deviennent soudain très étranges lorsqu’on prend le temps de les examiner. La science nous apprend qu’il n’y a pas de fondement solide à la réalité. Les objets ne sont en fin de compte que des ondes en mouvement, et ce n’est qu’en regardant ou en touchant qu’ils deviennent des objets d’expérience possibles. C’est, d’une certaine manière, ce que nous essayons de faire avec cette pièce, qui fait vaciller notre croyance en une réalité quotidienne assurée. Un fossé se creuse entre le corps, la voix, le langage, l’espace et quelque chose d’autre s’ouvre, qui nous invite à l’explorer.
Propos recueillis par Catherine Robert
Lundi et vendredi à 19h ; samedi et dimanche à 19h et 23h. Tél. : 04 90 14 14 14. Durée : 2h. Remerciements à Bartolomé Laisi pour la transcription.
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