Viktor
Œuvre majeure de Pina Bausch inspirée par [...]
Avec Dub Love, Cecilia Bengolea, Ana Pi et François Chaignaud chaussent les pointes et se frottent à la transe extatique du dub.
Spectacle inouï, Dub Love s’épanouit dans un grand « mix » qui ne se refuse rien. Ni la mise en danger du corps, ni l’usage des pointes, mais revu et corrigé par le Dub et ses déhanchements frénétiques. Mais le truc du Dub, c’est d’être mixé en direct à partir de morceaux composés en studio installés sur différentes « pistes », donnant à la musique une sorte de mouvance perpétuelle à laquelle les corps s’accordent, s’accrochent, se lovent justement ! Et ces pointes utilisées comme des entraves empêchant sans cesse le corps de se laisser aller à la musique et au mouvement est une trouvaille de taille. Aucune élévation mais une sorte de déséquilibre assumé qui produit une gestuelle angulaire et heurtée servant de carcan à un désir de fluidité et d’essor induit par la musique.
Les pointes comme entrave et arme de résistance
Et tandis que le DJ réunionnais de High Elements mixe un dub qui swingue, envahit l’espace et chaloupe, les corps restent au bord du son, créant un rapport où la danse apparaît sobre, embarrassée, comme serrée dans ces justaucorps chair, vaguement empruntés à Cunningham, qui font ressortir l’idée du travail plus que de l’aisance. « La danse est un effort. Dans Dub Love, nous utilisons les pointes comme arme de résistance et pour confronter le plaisir de danser au défi de la douleur. » écrivent François Chaignaud et Cecilia Bengolea. S’enchevêtrant dans d’étranges figures, évoquant les Grâces de Boticelli revues et corrigées par Picasso, les trois danseurs, François Chaignaud, Cecilia Bengolea et Ana Pi, sont exceptionnels dans ce spectacle virtuose, entre extase et transe.
Agnès Izrine
Petite salle, le 28 septembre à 20h30. Tél. : 01 30 96 99 00. Durée 50 minutes. Spectacle vu à la Ménagerie de Verre, le 26 novembre 2013.