« Barbaro » de Dusan Hégli, chorégraphie sous l’emprise du pouvoir et de la censure
La compagnie hongroise de Slovaquie Ifjú [...]
Imaginé à partir d’un article du journal suisse Le Temps, le spectacle conçu et mis en scène par Dorian Rossel célèbre la puissance d’évocation d’une œuvre poétique par-delà son auteur. Mêlant réel et fiction, le spectacle met en jeu un voyage inspirant, espiègle, qui traverse l’Atlantique.
Que relate cet article du Temps qui vous a inspiré ?
Dorian Rossel : L’article date de 2014, je l’avais toujours gardé dans un coin de ma tête. Lors d’une de nos nombreuses sessions de recherches, nous nous sommes interrogés sur la place des histoires dans nos vies. Nous nous sommes attardés sur cette capacité propre à l’humain à projeter, à construire le récit de sa vie, mais aussi à faire des liens entre des histoires. J’ai repensé à cet article. Nous faisant voyager d’un bout à l’autre du globe, il ouvrait une voie d’exploration scénique passionnante : comment une œuvre artistique dépasse le contexte dans lequel elle a été créée et, ici, relie des êtres humains malgré eux. Cet article était l’occasion d’explorer un mode narratif nouveau dans le parcours de la compagnie.
Votre mise en scène mène l’enquête. Comment avez-vous donné forme à cette enquête sur la scène ?
D.R. : L’histoire elle-même est un labyrinthe passionnant et vertigineux. En premier lieu, nous avons travaillé à en comprendre les tenants et aboutissants. Nous avons en quelque sorte dû nous-mêmes mener l’enquête… À la manière d’une série, Carine Corajoud s’est attelée à l’écriture de trois trames narratives parallèles qu’il a fallu étoffer d’éléments fictifs et ensuite enchevêtrer les unes aux autres. Nous avons opéré par allers-retours entre écriture au plateau et reprise du texte. Plus nous avancions dans ces récits, plus les murs tombaient et donnaient à voir de nouvelles dimensions thématiques et historiques. Inspiré de personnes réelles, le récit global se fait l’écho de plusieurs époques et géographies, notamment le contexte politique du Chili des années Pinochet. Mais aussi et surtout, cette histoire naît d’un jeu d’usurpation – une sorte de provocation artistique – mené par Juan Luis Martinez, poète d’avant-garde chilien. Cette imposture est source d’étonnement et de réactions inattendues et c’est ce qui rend nos protagonistes si singuliers et touchants. Le fait que certains d’entre eux soient encore vivants et que nous ayons pu les rencontrer a permis une mise en abîme de plus. Nous avons noué des liens sincères et avons, en un sens, construit ce spectacle avec eux. Ici le réel est incroyable et dépasse les esprits les plus imaginatifs.
Quelles réflexions sur la création artistique fait naître à vos yeux cette étonnante intrigue ?
D.R. : Si toute œuvre d’art naît d’un contexte particulier, dès lors qu’elle est créée, elle dépasse en quelque sorte son auteur pour être appropriée par celui ou celle qui la regarde ou la lit. Elle trouve d’autres résonnances en d’autres lieux et d’autres temps. Dans ce spectacle, il est ainsi question de la disparition de l’auteur au profit de l’œuvre. Ici un poème, écrit par un jeune immigré catalan en Suisse, a eu un impact, des années plus tard et à des milliers de kilomètres, auprès d’une jeunesse chilienne résistante. Nourri de récits biographiques et d’histoires inventées, le spectacle est une nouvelle pièce apportée à ce puzzle rocambolesque.
Propos recueillis par Agnès Santi
à 11h, relâche les 12 et 19. Tél : 04 90 86 17 12. Durée : 1h10.
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