La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Dorian Gray

Dorian Gray - Critique sortie Théâtre
Crédit photo : DR Légende photo : Gregory Benchenafi en Dorian Gray pour Thomas Le Douarec.

Publié le 10 octobre 2011 - N° 191

Thomas Le Douarec met en scène Dorian Gray, d’après le roman d’Oscar Wilde. Si l’adaptation théâtrale et le jeu sont assez réussis, l’interprétation musicale, en revanche, peine à convaincre…

Thomas Le Douarec a choisi d’adapter à la scène la version non censurée du célèbre roman d’Oscar Wilde. Le sulfureux dandy, adepte d’une forme supérieure d’existence débarrassée des oripeaux vertueux que revêt l’impuissance, y décrit les aventures de Dorian Gray qui, par la magie d’un vœu, conserve la grâce et la beauté de sa jeunesse, pendant que son portrait vieillit. Le héros, prisonnier de l’âge où tout est possible, s’adonne aux plaisirs, dans une quête effrénée de la jouissance quelles qu’en soient les formes, même les plus inavouables et jusqu’aux plus viles. Mais, pendant que le corps exulte, l’âme se corrompt ; et le portrait abject renvoie à son insolente et éternelle jeunesse le reflet de son infamie.

Une comédie peu musicale
 
L’adaptation scénique que signe Thomas Le Douarec est habile. La succession des scènes, rythmée par des noirs permettant de rapides changements du décor, est dynamique, et offre un aspect enlevé au spectacle. Le jeu des comédiens, de bonne tenue, confère à chaque personnage une couleur psychologique singulière qui permet de saisir les contrastes entre la figure de l’artiste idéaliste, celle du dandy pervers et celle du manipulateur cynique. L’interprétation vocale, en revanche, laisse cruellement à désirer. La musique de Stefan Corbin, jouée en direct au piano, ne dépasse pas le niveau du soutien mélodique, et les morceaux chantés alourdissent un spectacle qui aurait gagné en qualité sans eux. Si l’espace de jeu, que dessinent habilement les lumières stylisées, est adroitement suggestif, les costumes, entre catalogue de l’écossais et cuir et guêpière à l’érotisme frelaté, sont un peu trop démodés pour vêtir de manière crédible ces arbitres de l’élégance londonienne que dépeint Wilde. La comédie musicale est un genre qui suppose l’équilibre et la coordination de ses effets : ce spectacle n’en réussit vraiment que l’aspect théâtral.
 
Catherine Robert


Dorian Gray, d’après Le Portrait de Dorian Gray, d’Oscar Wilde ; livret et mise en scène de Thomas Le Douarec ; musique et direction musicale de Stefan Corbin. Du 24 août au 30 octobre 2011. Du mercredi au samedi à 21h30 et le dimanche à 17h30. Vingtième Théâtre, 7, rue des Plâtrières, 75020 Paris. Tél : 01 43 66 01 13.

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