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Théâtre - Entretien

Don Juan revient de guerre

Don Juan revient de guerre - Critique sortie Théâtre Paris Athénée Théâtre Louis-Jouvet

Entretien / Jacques Osinski Don Juan revient de guerre / Athénée-Théâtre Louis Jouvet De Horvath / Mise en scène Jacques Osinski

Publié le 24 mars 2015 - N° 231

Brisé par les horreurs de la guerre 14-18, Don Juan revient au pays, en quête de sa fiancée disparue, qu’il traque en toute femme… Dans Don Juan revient de guerre, pièce écrite en 1935 alors que le nazisme gronde, Horvath esquisse un monde hagard, où chacun se cherche sans se trouver. Le metteur en scène Jacques Osinski revient à cet auteur pour la quatrième fois.

Pourquoi cet attachement à Horvath, que vous fréquentez depuis vos débuts au théâtre ?

Jacques Osinski : La découverte de cet auteur, lorsque j’étais encore étudiant, c’est-à-dire il y a vingt-cinq ans, fut un choc littéraire et esthétique. A l’époque, peu de traductions en français étaient publiées. J’ai été profondément touché par la mélancolie que dégagent les personnages, par la façon dont le récit est enraciné dans la société et son époque. Horvath ne compose pas des pièces didactiques ou théoriques mais dessine l’humain aux prises avec l’Histoire et les mutations sociales. Il montre souvent des êtres déboussolés. Il regarde le monde en entomologiste, avec une lucidité troublante, et traite son observation presque documentaire dans une langue sèche, elliptique, épurée. Sa langue est trouée de silences, qui racontent le non-dit, l’inconscient, l’inquiétante étrangeté. Elle demande un jeu très stylisé.

« Horvath désintègre le mythe de Don Juan et son cliché. »

Quelle est la quête du Don Juan de Horvath à travers la recherche de sa fiancée disparue ?

J. O. : Brisé par la guerre, habité par la mort, Don Juan revient dans un monde profondément bouleversé, où toutes les valeurs sont bousculées, où les identités se dissolvent. Il tente de rompre avec ses démons, de changer, mais se laisse rattraper par son image, dans une société qui ne le comprend pas. Il cherche son idéal chez toutes les femmes qu’il croise, idéal qui, finalement, pourrait bien être la mort elle-même. Horvath désintègre le mythe de Don Juan et son cliché. Il le regarde cheminer, sans le juger.

Comment mettre en scène cette écriture elliptique ?

J. O. : Écrite pour un « Don Juan et trente-cinq femmes », la pièce se déroule dans une atmosphère étrangement déréalisée, en une série de petites scènes dans de multiples lieux. La scénographie se compose de plusieurs espaces qui se transforment et démultiplient les points de vue. La figure de Don Juan apparaît à travers des femmes qu’il rencontre. Il se fait le réceptacle de leurs fantasmes et révèle leur inconscient. Nous avons travaillé sur l’épure pour éviter l’anecdote naturaliste et donner toute la densité de sens du texte d’Horvath.

Entretien réalisé par Gwénola David

A propos de l'événement

Don Juan revient de guerre
du jeudi 2 avril 2015 au samedi 18 avril 2015
Athénée Théâtre Louis-Jouvet
7 Rue Boudreau, 75009 Paris, France

à 20h sauf mardi à 19h, relâche dimanche et lundi, matinée exceptionnelle le dimanche 12 avril à 16h. Tél. : 01 53 05 19 19. Durée : 1h50.

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