Grand-peur et misère du IIIème Reich
La compagnie de L’Athanor signe une version [...]
Tandis que le triomphal Germinal est repris ce mois-ci au Rond-Point, Halory Goerger s’avance avec sa nouvelle création, un Corps diplomatique qui nous envoie la tête dans les étoiles.
Un peu lunaire, pas mal perché, Halory Goerger est un grand type habitué à prendre de la hauteur. Avec Corps diplomatique, il s’envoie en l’air, et nous avec, par l’entremise d’une mission spatiale qui veut créer un spectacle en vue de la rencontre d’éventuels extra-terrestres. La joyeuse équipée part donc pour une interminable dérive dans les contrées intergalactiques – sans retour possible sur Terre. Les problèmes d’apesanteur ayant été réglés, les spationautes peuvent ne se préoccuper que des serres embarquées qui leur servent à s’alimenter et de la préparation du spectacle. Comme ils mourront en vol, leur succession est assurée via des gamètes et de l’ADN qui leur permettront de se cloner. Tout est donc simple finalement, même les rapports humains, très harmonieux et démocratiques dans cette collectivité où l’on veut oublier son être social – ce que l’on a appris, qui on a été – pour se lancer dans l’immense défi de représenter l’Humanité à travers un spectacle.
Jean Vilar pour Houston
De Germinal créé avec son compère de l’Amicale de Production, Antoine Defoort, on retrouve donc la volonté de repartir de zéro pour mieux s’interroger sur ce qui constitue notre humanité. Artiste associé au Phénix de Valenciennes, où il se produisait avec les quatre autres comédiens de Corps diplomatique lors du bien nommé Cabaret de curiosités, Halory Goerger n’en est pas moins un créateur qui traite de questions essentielles avec autant de sérieux que de dérision. « Jean Vilar pour Houston » appellent ainsi régulièrement les membres de l’équipage pour entrer en contact avec la Terre. Références et interrogations sur le théâtre côtoient donc le cinéma de Kubrick mais aussi des clins d’œil aux expériences scientifiques en cours (un programme néerlandais Mars One prépare effectivement un hypothétique voyage pour coloniser Mars d’où les spationautes ne pourraient pas revenir). Tout cela n’est pas sérieux mais bien désopilant dans un théâtre de création collective où le jeu paraît quotidien, où l’on s’interpelle par son patronyme à la ville. Corps diplomatique va aussi chercher dans les étoiles des utopies, des mondes parallèles, la distance du rire et de l’imagination libérée, qui permettent de si bien se réfléchir. S’achevant dans un retour aux sources façon théâtre cérémoniel, où la cape papale fait vraiment style dans l’espace intersidéral, le spectacle pose un regard tendre et critique sur la nature humaine en même temps qu’il place l’art théâtral, un peu à la manière de Philippe Quesne, comme lieu de possibles communautés, comme laboratoire pour inventer d’autres manières d’exister.
Eric Demey
19h. Tel : 01 53 35 50 00. Spectacle vu au Phénix de Valenciennes.
La compagnie de L’Athanor signe une version [...]