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Après 25 années passées loin des planches, François Cluzet revient au théâtre dans un monologue adapté, par le metteur en scène Emmanuel Noblet, d’un roman de Denis Michelis. Texte à suspens sur les désordres mentaux d’un homme à la dérive, Encore une journée divine éclaire l’exigence virtuose d’un grand comédien.
Lieu emblématique du théâtre de divertissement depuis sa création, dans la première moitié du XIXème siècle, les Bouffes Parisiens changent de ligne artistique avec la prise de fonction de leur nouveau directeur : Jean Robert-Charrier. Ce dernier souhaite poursuivre, dans ce théâtre privé, le travail de renouvellement des esthétiques qu’il mène depuis une quinzaine d’années sur les deux scènes de la Porte Saint-Martin, ainsi que depuis 2020 au Festival d’Anjou. À la croisée de l’exigence formelle et de la générosité sensible, son projet pour les Bouffes Parisiens s’incarne dans la nouvelle proposition d’Emmanuel Noblet, Encore une journée divine, adaptation tout en subtilité d’un thriller psychologique de l’écrivain Denis Michelis (publié en 2021, aux Éditions Noir sur Blanc). Cette plongée dans les eaux troubles d’un esprit mouvementé donne vie à un homme de prime abord ordinaire, mais qui peu à peu dévoile les déséquilibres d’une personnalité soumise à un rapport au monde dysfonctionnel. Qui est-il vraiment ? Est-il impliqué, d’une manière ou d’une autre, dans la mort suspecte de son frère, intervenue en pleine mer, alors qu’il naviguait à ses côtés ? Psychanalyste de métier, ce beau parleur est interné au sein d’un hôpital psychiatrique. Il répond à coup d’ellipses et de ressassements aux questions que lui pose, d’un jour à l’autre, un médecin que nous ne voyons pas.
Une finesse radicale
Les perspectives de cette histoire atteignent assez vite leurs limites. Ce qui retient ici véritablement l’attention, c’est la façon dont Emmanuel Noblet et François Cluzet, à partir d’une matière littéraire aux enjeux assez conventionnels, parviennent à perforer le plafond de ce texte, à outrepasser son propos pour créer de la hauteur théâtrale. Car les phrases dites sur le plateau importent, finalement, moins que la façon dont elles sont précisément pesées, adressées, moins que ce qui est suggéré, dessiné, exploré par le cadre esthétique fortement inspiré de la représentation. On aurait pu attendre, sans vraiment s’en offusquer, quelques facilités humoristiques, des effets visant à asseoir l’efficacité de certaines situations. Rien de cela n’advient. D’une finesse radicale, cette version d’Encore une journée divine évite toute forme de démonstration. Adossée au travail de haute tenue de la créatrice lumières Dominique Bruguière, du scénographe Alain Lagarde et du créateur son Samuel Favart-Mikcha, la mise en scène pousse les murs du réalisme hospitalier pour installer une atmosphère faite de fluctuations et d’affranchissements. Un espace mental naît et s’impose grâce, ne l’oublions pas, au talent rare de François Cluzet. La justesse économe dont il fait preuve, au plus profond de ce que peuvent révéler les mots et les sentiments, est celle d’un grand comédien.
Manuel Piolat Soleymat
Les Bouffes Parisiens. Du 25 janvier au 18 avril 2025. Du mercredi au vendredi à 20h, le samedi à 20h30, le dimanche à 16h. Durée : 1h30. Tél. : 01 86 47 72 43. www.bouffesparisiens.com
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