Danse - Entretien /June Events 2021
Découvrir la multiplicité de la création
Entretien avec Anne Sauvage, Directrice de l’Atelier de Paris
Publié le 11 mai 2021 - N° 290Directrice de l’Atelier de Paris / CDCN, Anne Sauvage se réjouit de retrouver le public à l’occasion d’une 15ème édition de JUNE EVENTS qui, dans la diversité de ses propositions, interroge notre monde bouleversé.
Dans quel état d’esprit êtes-vous au moment de rouvrir l’Atelier de Paris au public, qui plus est avec JUNE EVENTS ?
Anne Sauvage : Je ressens à la fois une joie profonde et une immense retenue. Avec toute l’équipe, nous sommes heureux et impatients de retrouver le public après ces longs mois de séparation, même si nous mesurons la chance que nous avons eu à l’Atelier de Paris de poursuivre certaines activités. Nous avons hâte d’accueillir le public et de faire vivre cet espace de rencontre avec les œuvres. Il y a un fervent enthousiasme, pleinement partagé avec les artistes. Mais il y a aussi une retenue qui s’impose, une humilité, parce que la pandémie n’est pas terminée et que la situation sanitaire reste extrêmement préoccupante. Nos pensées vont aux victimes de la Covid 19, à ceux qui sont précarisés par cette crise, à ceux qui luttent contre la pandémie ou qui sont en première ligne. Si nous voulons assurément reprendre notre activité, nous savons que cette réouverture aussi attendue et espérée soit-elle, n’en est qu’à son commencement. La réduction des jauges et le maintien du couvre-feu invitent à la prudence, tout comme l’incertitude que nous avons traversée ces derniers mois.
Pourquoi avez-vous choisi de faire une édition en deux temps, avec une plateforme professionnelle et une partie ouverte au public ?
A. S. : Nous avons tenté au fur et à mesure des annonces gouvernementales d’adapter le festival pour sauver le plus possible de spectacles. Pendant des semaines, il était comme suspendu, coupé en deux autour de l’échéance de la mi-mai avec une première partie de la programmation dont nous savions qu’elle ne pourrait pas se jouer devant public, et une deuxième dont nous ne savions pas ce qu’il adviendrait. Nous avons alors transformé la première partie en plateforme professionnelle (du 6 au 8 mai) pour offrir une visibilité à dix équipes artistiques, dont six créations sur les plateaux. Et à partir du 19 mai, le public va donc pouvoir découvrir huit spectacles qui étaient programmés en fin de festival sur vingt-cinq initialement proposés.
« L’architecture du festival organisée autour de doubles soirées ou de parcours thématiques a été bouleversée, mais son esprit est bien là ! »
Comment s’est opéré le choix des spectacles ? Monter ce festival a dû être complexe avec l’annonce de la réouverture des théâtres moins de trois semaines en amont.
A. S. : Avec les compagnies, nous étions d’accord pour nous tenir prêts à rouvrir dès que possible. Et je veux dire toute l’admiration que j’ai pour les artistes et leurs équipes qui ont continué à créer pendant des mois sans savoir s’ils pourraient jouer. La programmation était déjà bien avancée. Elle a été complétée par les créations de la saison que nous avons accompagnées en résidence, en coproduction, et que nous tenions à présenter au public. L’architecture du festival organisée autour de doubles soirées ou de parcours thématiques a été bouleversée, mais son esprit est bien là ! On retrouve des jeunes talents aux côtés de compagnies plus renommées avec une attention pour les grands formats – toujours trop rares dans la création chorégraphique indépendante –, dans une richesse et une diversité de démarches artistiques. Autant de regards, de prises de position, de prises de paroles, et parfois de colère, qui continueront à nous interroger sur notre rapport au monde plus que jamais bouleversé d’urgences sanitaires, environnementales et sociales.
Propos recueillis par Delphine Baffour
A propos de l'événement
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Cartoucherie, 2 route du Champ de Manœuvre, 75012 PARIS