Screenagers de Guiseppe Chico et Barbara Matijevic
Barbara Matijevic et Guiseppe Chico [...]
Un programme « révolutionnaire » célébrant les cinquante ans qui mènent de la création du BTC, tout premier Centre chorégraphique national créé en 1968, au CCN Ballet de Lorraine d’aujourd’hui.
1968 : RainForest. Une œuvre qui porte en elle quelque chose d’incontrôlable et de libératoire, comme les révoltes soixante-huitardes, comme les oreillers en nylar (un métal hyper léger) d’Andy Warhol gonflés à l’hélium, comme la chorégraphie qui se moque de toutes les conventions possibles, y compris vestimentaires (Warhol voulait que les danseurs soient nus, Cunningham les fera danser en académiques chair tailladés au rasoir signés Jasper Johns). Avec aussi la présence de la nature et de l’animalité, thèmes de l’époque que l’on retrouve dans la partition de David Tudor et dans la danse. Conçu comme un point culminant de l’avant-garde en 1968, il demeure une sorte de ballet atmosphérique et merveilleux, dans son croisement entre Pop art et retour à la nature. Surtout, le ballet développe une structure unique, où chacun des six danseurs déploie sa propre chorégraphie dans une sorte d’animalité personnelle, tandis qu’ils se succèdent sur le plateau sans jamais y revenir, sauf un qui revient à la fin. A l’époque de la création, c’était Cunningham lui-même.
L’Anarchie vaincra
2017 : Cela nous concerne tous (This concerns all of us) de Miguel Gutierrez reprend, d’une certaine façon, l’anarchie apparente de RainForest. Tout commence avec des costumes aberrants que les vingt-et-un danseurs du Ballet de Lorraine enfilent dans un décor minimal rose pétant. Se déshabillant, se rhabillant, dénudant à chaque fois un peu plus leurs corps, l’ensemble fait penser à une parade grotesque et volontairement provocante qui donne à la pièce une allure subversive, revendiquée par le chorégraphe. Mais pour qui veut regarder, les principes mêmes de RainForest sont remis à l’œuvre par Gutierrez : chaque danseur a sa partition, et plutôt qu’une sorte de ronde où l’un remplace l’autre, le chorégraphe met peu à peu en place une sorte de grand serpent de mer ondulant de tissus colorés, formant une sorte de vague continue à l’assaut du plateau. Tout finit avec des ballons de fête foraine représentant toutes sortes d’animaux réels ou imaginaires, gonflés à l’hélium, bel hommage à Warhol, qui se répandent dans la salle enfumée, dans un chahut et une communion impressionnante. Du jamais vu dans la salle à l’italienne de l’Opéra de Nancy !
Agnès Izrine
Jeudi et venderdi 20h, samedi 16h. Tél. : 01 41 60 72 72. Durée : 1h05. Dans le cadre du Festival d’Automne à Paris. Spectacle vu le 19 novembre 2017 à l’Opéra national de Nancy.
Théâtre du Beauvaisis – Scène nationale les 3 et 4 décembre, Maison de la Musique de Nanterre, Scène conventionnée, le 15 décembre.
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