La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Avignon / 2018 - Entretien / Olivier Py

Confiance de l’utopie

Confiance de l’utopie - Critique sortie Avignon / 2018 Avignon Avignon Off. La Scierie
Olivier Py, metteur en scène et directeur du festival. Crédit : Christophe Raynaud de Lage

La Scierie / Pur présent / texte et mes Olivier Py
Festival d’Avignon / La Scierie / Antigone / d’après Sophocle / mes Olivier Py
Entretien Olivier Py

Publié le 22 juin 2018 - N° 267

Le directeur du Festival d’Avignon y présente cet été Pur présent, sa dernière création, une trilogie tragique pour le temps présent, et aboutit le travail mené au centre pénitentiaire du Pontet, avec Antigone, une pièce jouée par les prisonniers à La Scierie, nouveau lieu de représentation.

 « Ce festival est un lieu utopique et pas seulement une liste de spectacles. »

Quel est le thème de Pur présent ?

Olivier Py : Comment la puissance économique remplace aujourd’hui le politique, thème décliné en trois volets, Les Icônes, Les Puissants et Les Riches. La première pièce se passe en prison et montre comment le tripatouillage économique (puisqu’il faut ainsi le nommer) conduit des gens en prison. Dans la deuxième pièce, qui se passe dans une banque, on remonte au sommet de la hiérarchie sociale, et la troisième pièce se passe dans la rue, en posant la question de ce que nous pouvons faire politiquement pour infléchir la situation précédemment décrite. Ces pièces sont des tragédies.

Comment en préciseriez-vous la définition ?

O. P. : Voilà deux mille ans qu’on essaie de le faire ! C’est une question trop difficile pour moi ! En revanche, ce que je peux plus modestement répondre, c’est que je me suis attaché aux formes que j’ai inventées pour traduire Eschyle, dans un style simple, rapide et austère, plus proche de celui de Racine que de celui de Corneille. J’avais mis en scène les pièces d’Eschyle avec une sobriété qui sert ce style et qui, dans une certaine mesure, peut correspondre à une forme de décroissance ! Et aussi avec des comédiens qui ont en commun une puissance particulière et un rapport très fort à la langue, ce qui est nécessaire pour la tragédie. Nous jouons à La Scierie, un lieu magnifique que nous inaugurons cette année et qui accueillera aussi Antigone, pièce jouée par les détenus du Pontet, qui pour la première fois, peuvent présenter cette œuvre hors de la prison, projet qui n’avait pu être abouti l’an dernier : c’est le résultat d’une confiance patiemment construite entre le culturel, le social et le juridique.

Comment va le Festival d’Avignon ?

O. P. : Ça reste le plus beau festival du monde et je suis donc un directeur comblé, en dépit des difficultés économiques, puisque les budgets n’augmentent pas. Il est de plus en plus difficile de faire ce qui correspond à notre mission de service public, de plus en plus difficile de faire ce que nous avons à faire. Mais, en même temps, j’ai l’impression et le privilège d’être le témoin de ce qui se passe aujourd’hui en Europe, avec une génération d’artistes qui réinventent de manière singulière le rapport entre le poétique et le politique. Il en va ainsi du thème choisi comme fil conducteur : le genre est présent dans un grand nombre de spectacles, qui les traitent de manières différentes, pour composer ensemble un théâtre au présent. « Théâtre contemporain » est, je crois, une expression pléonastique. Le théâtre est pur présent et la question est alors de savoir comment réussir à relier les symptômes de la psychopathologie du présent à un héritage intellectuel. En cela, ce festival est intellectuel et pas seulement politique. Les représentations du feuilleton qui ont lieu au Jardin Ceccano et les Ateliers de la pensée, devenus très populaires, font que ce festival est un lieu utopique et pas seulement une liste de spectacles. Voilà notre visée : faire de cette ville une utopie pendant trois semaines. Qu’existe ce moment-là nous donne confiance.

 

Propos recueillis par Catherine Robert

A propos de l'événement

Pur présent
du samedi 7 juillet 2018 au dimanche 22 juillet 2018
Avignon Off. La Scierie
15, boulevard Saint-Lazare 84000 Avignon (extra-muros)

à 18h, relâche les 12, 18 et 19 juillet 2018. Durée : 3h10, entractes compris. Antigone. La Scierie. Le 18 juillet à 15h, le 19 à 11h et 15h, le 20 à 11h. Durée : 50 minutes. Tél. : 04 90 14 14 14.

 

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