L’Enfant que j’ai connu, texte d’Alice Zeniter, mise en scène de Julien Fišera
Nathalie Couderc est de celles que seule la [...]
C’est une histoire d’amour qui se poursuit : celle du Supernatural Orchestra avec le cirque, particulièrement avec le Cirque Inextremiste, et avec l’espace du chapiteau. La rencontre de la piste et d’une musique jazz bouillonnante.
Ils avaient collaboré sur Esquif, qui testait ce mélange détonnant : la rencontre d’un orchestre façon big band, et d’un cirque particulièrement créatif. Cela avait plu, beaucoup, et pas qu’au public. « Ça nous traînait dans la mémoire », confie Hanno Baumfelder, membre du collectif Surnatural Orchestra, « en même temps que l’idée traînait d’avoir notre propre chapiteau ». Ce désir d’itinérance et de rencontre avec les gens et les projets locaux devient réalité, avec l’aide du Cheptel Aleïkoum. Reste à recontacter Yann Ecauvre, le fondateur du Cirque Inextremiste, qui accepte volontiers de revenir confronter son art du déséquilibre à un groupe de musiciens soudés autour de l’idée d’horizontalité artistique, mais ouverts à l’expérimentation et « au plaisir d’être mis en scène physiquement ».
La démesure joyeuse, et un grain de folie
La résultante : une forme de « concert cirquesque » sous chapiteau, avec 24 interprètes en piste. Un spectacle mis en espace et en mouvement autour du concept de la bascule, pas simplement prise comme un déséquilibre physique mais aussi comme le moment où les règles changent, où ce qui était impossible devient possible. Comme une métaphore joyeuse du monde qui se transforme inexorablement sous nos yeux. Dans une mise en piste qui laisse autant de place au collectif qu’aux individualités, les musiciens semblent échapper aux lois de la physique et de la gravité, accrochés, suspendus, propulsés au travers du chapiteau, sans pour autant manquer aucune mesure. Aux tours de force répondront des images fragiles et poétiques, la puissance du collectif trouvera son contrepoids dans la mise en valeur de la richesse apportée par chaque musicien individuellement. Le mouvement et la musique, construits en parallèle, s’influencent mutuellement : ils s’équilibrent et se répondent, dans un rapport d’égalité. « Pour nous l’enjeu était de rester libres, de garder la liberté de la musique à l’intérieur du spectacle », indique Hanno Baumfelder. Comment le vent vient…, un spectacle monumental ? Sans doute, mais ses créateurs l’ont voulu ainsi, comme « une démesure bienvenue, un carnaval sous la pluie ». Les raisons d’être chagrin ne manquent pas, par les temps qui courent : réjouissons-nous de ce concentré de bonheur qui nous est proposé.
Mathieu Dochtermann
Dans le cadre du festival Du Bleu En Hiver, à 20h, avec le soutien de l’ONDA. Tél. : 05 53 35 59 65. Puis le 26 mars 2022 à 20h30 à Isigny-le-Buat (50).
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