Combat de nègre et de chiens

©Crédit : Elizabeth Carecchio Légende : « Le metteur en scène allemand Michael Thalheimer ».

Crédit : Elizabeth Carecchio Légende : « Le metteur en scène allemand Michael Thalheimer ».

Publié le 10 mai 2010

Avec des acteurs français, l’Allemand Michael Thalheimer s’attaque à la pièce inaugurale de l’œuvre de Koltès. Le petit monde blanc d’Afrique vivant retranché derrière des barbelés correspond à notre Europe aujourd’hui.

Nous avons vu cette saison à la Colline Die Ratten (les Rats) de Hauptmann dans la mise en scène de Thalheimer, un piège scénographique fulgurant et efficace. Par ailleurs, Thalheimer et Koltès partagent une esthétique radicale dans la vision d’un monde sans illusions où l’utopie se fragilise alors que les rapports de force s’exacerbent. Pour Thalheimer, tout se joue dans la tête des trois personnages blancs, et l’action de Combat de nègre et de chiens pourrait se situer dans n’importe quel pays africain comme dans n’importe quelle banlieue de Paris. Le refoulement symbolise l’identité des Blancs face au peuple d’Afrique, le non-dit de la responsabilité de l’Europe dans la mise à sac du continent noir. Ce chantier désaffecté dirigé par des Blancs en perte de reconnaissance est une métaphore du statut de l’Europe « dont l’apogée est derrière elle … ». Aux côtés du personnage noir venu récupérer le corps de son frère mort sur le chantier, évolue un chœur d’acteurs, une foule anonyme et intensément présente d’une Afrique en éveil.

V. Hotte

Combat de nègre et de chiens, de Bernard-Marie Koltès ; mise en scène de Michael Thalheimer. Du 26 mai au 25 juin 2010. Du mercredi au samedi à 20h30, mardi à 19h30 et dimanche à 15h30. La Colline, Théâtre national,15 rue Malte-Brun, 75020 Paris. Réservations : 01 44 62 52 52