La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Danse - Entretien

Claude Brumachon

Claude Brumachon - Critique sortie Danse
Crédit photo portrait : Jean-Jacques Brumachon Légende : Claude Brumachon, directeur du CCN de Nantes, est au Musée Bourdelle.

Publié le 10 mai 2012 - N° 198

Entre danse et sculpture

Les déambulations chorégraphiques de Claude Brumachon au Musée Bourdelle prennent corps à travers la reprise d’Ecorchés Vifs et la création 2012 Opulences Tragiques.

 « Le vivant toujours en action, toujours en alerte. »

 

Ecorchés Vifs a été créé en 2003 pour le Musée Bourdelle. En quoi pensiez-vous que votre écriture pouvait rentrer en coïncidence avec l’œuvre de Bourdelle et ce lieu ?

Claude Brumachon : Je crois que cela vient d’histoires peut-être intimes mais importantes : la première chose, c’est que je viens des Beaux-Arts. Avant de chorégraphier, je dessinais beaucoup les corps. Puis le Musée Bourdelle est devenu un endroit où j’allais souvent quand j’étais jeune danseur, où j’aimais me poser, errer. Ces sculptures, je les avais dans mes yeux. Elles sont rentrées de manière naturelle dans un inconscient. Travailler sur Bourdelle a été comme une évidence. Alors pourquoi cette danse-là ? Dans l’écriture que nous avons Benjamin Lamarche et moi, il y a quelque chose à la fois de l’ordre du mouvement et de la sculpture. Souvent, on me dit que dans cette danse il y a comme un geste indéfini qui serait inachevé, comme une sculpture de Bourdelle ou une sculpture de Rodin.

Dans le geste, la forme, ou dans l’état de corps ?

C. B. : Dans l’état de corps. Il y a quelque chose de jeté, de brut, de cru, de rapide, de ciselé mais en même temps de l’ordre de l’élan et de la ligne. Je trouve qu’il y a cela également chez Bourdelle. A cet endroit on se rejoint, avec toute l’humilité que je peux avoir, car pour moi c’est un maître !

Votre écriture a-t-elle évolué depuis la création d’Ecorchés Vifs ?

C. B. : L’écriture évolue, elle se meut, elle se nuance par rapport à une société, mais elle concerne la même obsession. On creuse autour, mais on ne l’aborde pas de la même façon, car on a dix ans de plus. C’est vrai que depuis trente ans, je recherche la même chose, sous des formes différentes. Beaucoup des danseurs de la compagnie sont là depuis dix ans : bien sûr que leur corps a évolué, parce que l’histoire, parce que la vie, parce que les larmes, les joies, et cela s’inscrit dans nos veines, nos rides, nos muscles…

Pouvez-vous nommer cette obsession ?

C. B. : Elle a quelque chose à voir avec le sensuel, l’élégance érotique, le charnel, quelque chose sous la peau, le volcan, le vivant toujours en action, toujours en alerte. Quelque chose de sulfureux, avec un érotisme ténu qui est omniprésent et qui fait le ravissement ou la détestation des gens ! J’aime quand ça danse, quand le mouvement va au bout, à l’extrême, à la limite du borderline, du danger.

Opulences Tragiques a déjà été créé, mais pour le musée des Beaux-Arts de Nantes. Comment, avec toutes les figures et les thématiques qui la traversent, allez-vous la faire rentrer en résonnance avec le Musée Bourdelle ?

C. B. : C’est le grand mystère. C’est la première fois qu’Opulences Tragiques va sortir de son cadre originel. C’est une pièce sur le Théâtre des passions, de grandes toiles du 17ème siècle assez baroques, assez pleines, où les grandes tragédies sont mises en peinture. Je crois que cette pièce peut s’approcher de Bourdelle, car on retrouve chez lui Pénélope et de grandes figures emblématiques de la tragédie.

 

Propos recueillis par Nathalie Yokel


 

Ecorchés Vifs de Claude Brumachon, du 6 au 9 juin à 21h, Opulences Tragiques de Claude Brumachon, du 12 au 16 juin à 21h au Musée Bourdelle, 18 rue Antoine Bourdelle, 75015 Paris. Tél : 01 49 54 73 73.

A propos de l'événement


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