La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Cherchez la faute !

Cherchez la faute ! - Critique sortie Théâtre Paris theatre de l'aquarium
© Patrick Berger Le sucre comme métaphore féconde…

Théâtre de l’Aquarium / d’après La Divine Origine / Dieu n’a pas créé l’homme de Marie Balmary / adaptation et mes François Rancillac

Publié le 20 décembre 2017 - N° 261

François Rancillac reprend ce spectacle créé en 2003, qui à partir d’une séance d’étude du récit fondateur de la Genèse célèbre la naissance de l’homme comme sujet libre, parlant et agissant. Une confrontation intéressante mais manquant de relief.

« Reportez-vous page 3 verset 26 ». Résonnent alors dans la petite salle du Théâtre de l’Aquarium le bruit des pages qui se tournent… L’étude interprétative examine le texte biblique de la Genèse, récit fondateur des cultures juive et chrétienne, en s’inspirant d’un essai de la psychanalyste Marie Balmary, particulièrement intéressée par la question de l’apparition du sujet. La séance d’étude s’appuie sur la traduction d’André Chouraqui et se réfère régulièrement à la version originale, en hébreu. Comme dans une réunion de travail, chaque spectateur-lecteur dispose ici des documents papiers auxquels se réfèrent les acteurs-exégètes : Danielle Chinsky, Daniel Kenigsberg, Frédéric Révérend et François Rancillac (en alternance avec Fatima Soualhia Manet), quant à lui plutôt dans le rôle d’un Candide questionneur, parfois un brin malicieux. Ils sont installés en compagnie d’une trentaine de spectateurs autour de tables disposées en carrés, et une seconde rangée autour des tables permet d’accueillir d’autres participants. En effet, les présents sont invités à s’interroger et réfléchir aux enjeux, à travers le dispositif même, et aussi à travers un temps de discussion qui suit la représentation. Lorsque l’un d’eux est invité à lire un texte, c’est tout naturellement que les doigts se lèvent, tant il paraît évident que le spectateur devient ici partie prenante de l’étude.

Reconnaissance de l’altérité

D’emblée, les échanges déjouent certains présupposés, remarquant par exemple que le mot faute n’existe pas dans la Genèse, rapportant certains faits de « l’affaire du tétragramme » – le nom divin imprononcé dans le judaïsme -, et, surtout, analysant le projet divin comme matière sublime à interprétations. Reconnaissance de l’altérité grâce à Eve, naissance de l’homme comme sujet, plaidoyer pour la relation plutôt que la dévoration, pour le libre-arbitre plutôt que la prédestination : le spectacle invite au-delà des convictions de chacun à exercer une difficile liberté. Une responsabilité citoyenne contre « les intégrismes de tout poil » selon les mots du metteur en scène. L’idée est bonne, même s’il est dommage que la joute verbale manque de l’audace pimentée d’un pilpoul, en partie parce que les échanges s’avèrent trop démonstratifs. François Rancillac a confié dans nos colonnes vouloir créer la saison prochaine un texte commandé à Mariette Navarro sur le thème de la laïcité. Une heureuse perspective, alors que le terme parfois malmené donne lieu à de vives confrontations.

Agnès Santi

A propos de l'événement

Cherchez la faute !
du mardi 9 janvier 2018 au dimanche 21 janvier 2018
theatre de l'aquarium
Route du Champ de Manoeuvre, 75012 Paris, France

Du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 16h. Tél. : 01 43 74 99 61. www.theatredelaquarium.com

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