« Sur quel pied danser ? », quatrième édition de la biennale de danse du Grand Paris Seine et Oise
Pour sa quatrième édition, le festival [...]
De Nina Simone à la lyre d’Orphée, musiciens et chanteurs rejoignent les vingt sublimes danseurs de la célèbre compagnie londonienne pour deux pièces époustouflantes signées Ben Duke.
Cerberus est une création qui a du chien. Non seulement parce que Cerbère est un chien à trois têtes qui garde les Enfers mythologiques, mais aussi parce que son créateur, Ben Duke, a donné pour nom à sa compagnie Chien perdu (Lost dog) ! Ce Cerberus est quant à lui dansé non par cette compagnie, mais par dix-sept danseurs du Ballet Rambert, l’une des meilleures compagnies de danse contemporaine britanniques. Toujours est-il que le chorégraphe, formé en littérature et en théâtre avant d’entrer dans la danse, sait jouer sur les mots avec un humour très British. Parodiant la tragédie des amants séparés par le Styx, il se demande si son interprète Aishwarya-Eurydice est sortie à cour (stage left) ou a passé l’arme à gauche ? Sombrement drôle, pleine de turbulences et d’imagination, Cerberus fait de la danse une question de vie ou de mort, dans d’élégantes funérailles. Portés sur scène par une soprano, un percussionniste et une guitare classique, les danseurs déploient une technique somptueuse. Mêlant avec talent une histoire irrésistible à une chorégraphie subtile, Ben Duke allie à une gaieté folle la mélancolie profonde liée à l’inévitable oubli.
Le chien ne peut pas être chèvre…
De la mort, il est aussi question dans Goat, reprise d’une pièce majeure du même chorégraphe. L’Élu (comme celui du Sacre du printemps) explique : « Je dois danser jusqu’à ce que j’en meure ». Alors l’autre demande : « Ça vous pendra combien de temps ? » Réponse : « Aucune idée, c’est ma première fois. ». Là aussi, il y a du jeu de mot dans l’air, le « scapegoat » n’étant autre que le « bouc émissaire » ! Mais surtout, il y a la plasticité des danseurs du Ballet Rambert, vêtus de couleurs pastel, qui se fondent littéralement dans une gestuelle fluide et singulièrement originale. Inspirée d’un concert de Nina Simone (Montreux Jazz Festival 1976) incarnée sur le plateau par trois musiciens interprétant ses chansons iconiques, telles Feelings, Feeling Good et Ain’t Got No/I Got, Life, cette pièce est un choc émotionnel. Il faut dire que née du choc d’un attentat islamiste en 2017 à Londres, Goat flirte avec un rituel expiatoire en forme de tragi-comédie, qui pousse à affronter la vie plutôt qu’à chercher… des boucs émissaires !
Agnès Izrine
Tous les jours à 20h, samedi 17 à 15h et 20h. Relâche dimanche 18. Tél. : 01 42 74 22 77. Durée : 1h30.
Pour sa quatrième édition, le festival [...]