Avignon / 2024 - Entretien / Marion Rothhaar
« Corps au bout du monde » performance théâtrale de Marion Rothhaar où le rêve d’un monde sans compétition
La Manufacture - Château Saint-Chamand / Concept de Marion Rothhaar / Texte de Marion Rothhaar et Regina Dürig / Mise en scène de Elke Hartmaan
Publié le 2 juin 2024 - N° 323Avec Corps au bout du monde, Marion Rothhaar fait de son passé de championne d’Allemagne de gymnastique rythmique et sportive l’objet d’une performance théâtrale. Pour dire son rêve d’un monde sans compétition.
« La première fois que j’évoque mon passé de sportive au théâtre, c’est à la demande de Jean Boileau alors directeur du NEST – CDN de Thionville dans le cadre d’un festival consacré au sport. Metteure en scène et dramaturge installée en Suisse, travaillant avec différentes compagnies comme le collectif luxembourgeois MASKéNADA, je n’avais jamais réalisé de spectacle aussi personnel que celui qui naît à cette occasion : The Other : Me. J’y raconte mon parcours dans le contexte des deux Allemagnes, de la guerre froide, où la gymnastique se fait système de dressage de petites filles. Après cette pièce, j’ai cru en avoir fini avec ce sujet. Mais en 2020 éclate le scandale du Centre national de sport de Macolin, tout près de l’endroit où je vis à Bienne en Suisse et dont la salle d’entraînement s’appelle « Le bout du monde ». Sont dénoncées des violences physiques et psychologiques exercées de manière quasi-institutionnelle, ce qui fait suite à bien des dénonciations individuelles de la part de sportives. J’ai ressenti la nécessité de créer un nouveau spectacle.
Créer pour s’élever contre la violence
Dans Corps au bout du monde, je suis beaucoup plus en retrait que dans ma performance précédente. J’ai demandé à l’autrice Regina Dürig d’écrire le texte avec moi, afin d’ajouter une dimension poétique à la part documentaire du travail. Créée en version allemande, la pièce a été traduite en français pour Avignon par Peggy Hamann et Lola Molina. Je n’y ai qu’une place mineure, jouant différents personnages – notamment celui de l’entraîneuse – tandis que la comédienne Rahel Jankoswski tient le rôle central, celui d’une gymnaste qui est la personnification du talent et veut aller au sommet. Une vraie gymnaste, l’Ukrainienne Mariia Iezhemenska, fait des apparitions sur le plateau, espace très simple avec en son centre un praticable. Il était important pour moi qu’une sportive soit présente sur scène, car son corps permet d’emblée de comprendre de quoi on parle. L’espoir que j’aimerais porter dans cette pièce, c’est celui d’un monde sans compétition, dans le milieu du sport et en général. Un monde où l’on ne verrait des films, où l’on ne lirait des livres que parce qu’on les aime et non parce qu’ils ont reçu tel ou tel prix. »
Propos recueillis par Anaïs Heluin
A propos de l'événement
Corps au bout du mondedu jeudi 4 juillet 2024 au dimanche 21 juillet 2024
Avignon Off. La Manufacture
2 rue des Écoles, 84000 Avignon
à 16h45. Relâches les 9, 10, 16, 17 juillet . Durée : 2h, trajet navette inclus jusqu’au Château Saint-Chamand, 3 avenue François Mauriac, 84000 Avignon. Tel : 04 90 85 12 71.