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Avignon / 2024 - Entretien / Fanny de Chaillé
Choisie par l’École de la Manufacture, à Lausanne, pour concevoir le spectacle de fin d’études de la promotion M, Fanny de Chaillé a imaginé Avignon, une école. Une proposition qui se réapproprie des archives du festival pour les interroger au présent.
Quelle relation entretenez-vous avec la notion de transmission ?
Fanny de Chaillé : Cela fait longtemps que je creuse cette question-là. J’ai souvent été sollicitée pour mettre en scène des pièces avec de jeunes artistes. En dehors même d’une idée à défendre, j’ai toujours eu l’impression de transmettre en même temps que je fabriquais des spectacles. Car, pour moi, créer est vraiment une façon d’échanger avec les interprètes avec qui je travaille. Je ne considère pas la transmission comme quelque chose de hors-sol, mais comme quelque chose qui fait partie intégrante de mon processus de création. En mettant en scène un spectacle, j’ai autant l’impression d’enseigner aux interprètes que d’apprendre moi-même de ce qu’ils ou elles font.
Avignon, une école éclaire l’histoire du Festival d’Avignon. Qu’en est-il de votre rapport à la mémoire théâtrale ?
F.D.C. : Ce qui m’intéresse dans cette façon d’explorer des archives, c’est de chercher ce qui, dans ce passé, nous constitue aujourd’hui, comment on peut s’appuyer sur cette mémoire pour penser le présent. Contrairement à tous les discours qui nous conseillent de nous extraire de notre histoire, j’ai la sensation qu’il faut chercher à savoir comment nous nous sommes construits, même inconsciemment, pour mieux appréhender ce que nous sommes et ce que nous pouvons devenir.
Comment les jeunes comédiennes et comédiens de l’École de la Manufacture envisagent-ils ce travail sur le patrimoine ?
F.D.C. : Ce sont eux qui ont choisi les documents sur lesquels ils avaient envie de travailler. Bien qu’appartenant à des générations différentes, nous avons eu des lectures assez similaires de ces archives. Ces jeunes gens, âgés d’une vingtaine d’années, connaissaient finalement assez peu les pans d’histoire dont ils se sont emparés. Les liens qu’ils entretenaient avec cette mémoire venaient principalement d’artistes plus âgés qui leur avaient parlé de certaines pièces, d’artistes qui font eux-mêmes partie de l’histoire du festival. C’est d’ailleurs ce que je trouve très intéressant dans ce projet : que ce passé ne soit pas une évidence absolue pour ces jeunes artistes, qu’ils aient besoin de se plonger dedans pour voir comment ce passé peut faire école des années plus tard. Les archives que nous reproduisons et commentons sur scène nous permettent de nous mettre au travail ensemble, de penser notre pratique d’acteurs ou d’actrices d’aujourd’hui. Et puis, ce qui est particulièrement joyeux, c’est de créer ce spectacle-là à Avignon. Nous interrogeons la forme à l’endroit de la forme, avec les Jeanne Moreau et les Gérard Philipe de demain.
Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat
à 21h. Tél : 04 90 14 14 14. Durée : 1h20.
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