Eaux dormantes
- Critique sortie ThéâtreCarco ou le Verlaine de la rue
S’inspirant de la trame narrative de L’Homme traqué, de Carco,
Dominique Michel et Thierry Ravassard s’emparent de la langue aigre-douce et de
la poésie bohême du chantre de la Butte.
Lampieur, l’ouvrier irréprochable, taciturne et bourru, est l’assassin
apparemment insoupçonnable de la concierge de la maison voisine à laquelle il
dérobe l’argent des loyers du trimestre. Mais le crime n?est jamais parfait?
Ponctuant le récit de L’Homme traqué de portraits en chansons extraits de
La Bohême et mon c’ur, Dominique Michel prête corps et voix à l’univers
pathétique et réaliste, poisseux et mélancolique, impertinent et savoureux de
Carco pendant que Thierry Ravassard « l’invite à des parenthèses musicales et
vocales, dilatant l’existence des personnages » du mélodrame. Entre voix
parlée et voix chantée, sur fond d’univers sonore évoquant « les précieux
bruits de Paris » et d’accessoires fossilisés dans la noirceur, le pianiste
et la comédienne, dirigés par Jean-Pierre Jourdain, ressuscitent cet auteur
singulier et ses personnages à la débine glorieuse, qui dévalaient les caniveaux
montmartrois après le bar du dernier verre ou le doux caboulot à l’enseigne du
temps perdu?
Catherine Robert
Carco ou le Verlaine de la rue, cabaret d’après L’Homme traqué et
des emprunts à La Bohême et mon c’ur, de Francis Carco ; mise en scène de
Jean-Pierre Jourdain. Du 14 mars au 14 avril 2007. Tous les jours à 19h ;
relâche le mardi. Théâtre L’Atalante, 10, place Charles-Dullin, 75018 Paris.
Réservations au 01 46 06 11 90.