Qui a peur du loup ? et Macbeth d’après Christophe Pellet et William Shakespeare, mis en scène par Matthieu Roy
À la Maison Maria Casarès qu’ils dirigent [...]
La saison dernière, il créait J’ai pris mon père sur mes épaules de Fabrice Melquiot. En cette rentrée, le directeur de la Comédie de Saint-Etienne se tourne vers l’écriture de Voltaire. Il adapte Candide à la scène, avec la volonté de faire entendre l’humour féroce de ce conte philosophique initiatique.
Voilà des années que vous vous consacrez aux écritures contemporaines. Pourquoi, aujourd’hui, faire ce détour par une œuvre classique ?
Arnaud Meunier : Monter Candide ne correspond pas tant à un désir de faire un détour par une œuvre classique qu’à une envie forte et ancienne de mettre en scène ce texte. Notamment parce que je l’ai redécouvert dans une édition illustrée par Joann Sfar, ce qui m’a permis de réenvisager son actualité, sa férocité, son ironie et de réaliser, grâce à ces illustrations, qu’il pouvait vraiment devenir un matériau pour le théâtre. Et puis, après avoir créé Je crois en un seul dieu de Stefano Massini et J’ai pris mon père sur mes épaules de Fabrice Melquiot, qui étaient en quelque sorte des injonctions descendantes à vivre ensemble, je veux dire par là des injonctions de la classe des dominants en direction de la classe des dominés, je me suis dit que cela faisait du bien de revenir au premier texte qui a cherché à populariser, auprès du plus grand nombre, les idées humanistes des Lumières.
Quelle chose essentielle de ce conte souhaitez-vous faire résonner sur scène ?
A.M. : Le mordant avec lequel Voltaire se moque de notre nature humaine, de notre propension à ne jamais être satisfait, à toujours chercher le bonheur ailleurs, à être constamment jaloux de ce que possède le voisin… Tout cela nous entraîne dans une constante fuite en avant. Et le fameux « Il faut cultiver notre jardin» de la fin du texte est, pour moi, un appel à travailler sur nous-mêmes, dans une attitude d’humilité, de modestie. Candide parcourt les routes d’un monde au sein duquel tout s’écroule, au sein duquel sévissent le fanatisme religieux et le despotisme politique. Et pourtant, c’est dans ce monde-là qu’il cherche l’amour et le bonheur. C’est d’ailleurs l’une des choses qui provoquent le rire : un rire sarcastique, presque méchant. Candide est comme un appel écologiste avant l’heure : Voltaire est le premier à dire qu’il va falloir revenir à ce que nous sommes et accepter de ralentir.
Pour incarner cette fable, vous avez fait appel à deux comédiens issus du programme Egalité des chances de la Comédie de Saint-Etienne…
A.M. : Oui, Romain Fauroux, qui incarne Candide, et Frederico Semedo, qui incarne son valet, Cacambo. Le choix de ces deux comédiens issus de classes populaires raconte aussi, sur le plateau, le projet de ce spectacle qui cherche à toucher un large public, tant en termes de générations que d’origines. Deux musiciens, Matthieu Desbordes et Matthieu Naulleau, prennent également part à ce spectacle de troupe qui vise à une forme d’universalité, d’hybridation.
Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat
à 20h, le 5 octobre à 17h. Tél. : 04 77 25 14 14.
Egalement du 5 au 8 février 2020 au Théâtre national de Nice, du 12 au 14 février au Théâtre d’Angoulême, du 18 au 20 février au Théâtre de l’Union, le 6 mars au Théâtre Jean-Vilar de Vitry-sur-Seine, les 11 et 12 mars aux Scènes du Jura, du 18 au 20 mars à la Comédie de l’Est, du 24 au 26 mars au Théâtre du Gymnase à Marseille, les 1er et 2 avril au Théâtre du Beauvaisis, les 8 et 9 avril au Théâtre de Villefranche, le 16 avril au Théâtre de Montbéliard, du 21 avril au 7 mai au Théâtre de la Ville à Paris.
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