Actoral 19, édition 2019
Fondé en 2001 par Hubert Colas, le festival [...]
Pour ses cinquante ans, L. reçoit un frigo en cadeau… Qu’y a-t-il dans ce frigo, dans nos frigos ? Clément Poirée ouvre la porte vers l’inconnu et invite le public à le suivre hors des bornes théâtrales…
Que raconte la pièce de Copi ?
Clément Poirée : Le Frigo est un texte très court pour un acteur, parfois joué avec une vraie distribution. L. est seul, chez lui, devant son frigo, offert par sa mère pour ses cinquante ans. Métaphysique indéchiffrable, image de solitude, de quasi fin de vie ? L. n’arrive pas à ouvrir le frigo. Le téléphone sonne et L. se met à incarner une ribambelle de personnages (sa mère, un chien, une horloge, un rat, etc.) qui vont, à leur tour, tenter d’ouvrir le frigo. L’imaginaire s’empare de la scène et explore des thèmes assez morbides (mort, vieillissement, relations violentes entre enfants et parents, désir, sexe). Je trouve beau d’entendre ça et d’ainsi redonner place au pouvoir de la fiction à un moment où nos langues et nos scènes sont de plus en plus formatées. Au-delà de ce déploiement incroyable sans fil apparent, j’ai voulu donner une suite à ce texte : d’où ce projet fou d’un seul en scène à huit acteurs, Dans le frigo et pas Le Frigo.
Quelle est cette suite ?
C.P. : Nous jouons la pièce en laissant une porte ouverte à tout ce qui peut advenir, ce qui doit demeurer un mystère pour le spectateur. Entre homme et femme, L. est hybride ; la fiction fait surgir le monstre en lui. De même, elle doit nous permettre de recevoir la part monstrueuse en nous. Je ne peux donc rien révéler de la mise en scène mais remarquer cependant qu’avec la bande d’acteurs qui me fait la gentillesse de ce compagnonnage, nous nous intéressons de plus en plus – avec le temps, avec l’âge – à la manière dont on peut emmener le spectateur et jusqu’où. Cela passe par un certain rapport au jeu qui ne confond pas la scène avec le lieu de production d’un bel objet culturel. Il s’agit plutôt de faire de la scène un petit périscope de l’âme et d’y faire surgir, en complicité avec les spectateurs, nos monstres les plus rares, comme dit Shakespeare. Déplacer les attentes de consommation culturelle suppose donc de produire un spectacle ludique qui soit en même temps une plongée dans les entrailles du théâtre !
Propos recueillis par Catherine Robert
Du mardi au samedi à 19h30 ; le dimanche à 15h30. Tél. : 01 43 28 36 36. Durée : 3h30 avec entracte.
Fondé en 2001 par Hubert Colas, le festival [...]