Ça ira (1) Fin de Louis
Nanterre-Amandiers
Publié le 26 octobre 2015 - N° 237Joël Pommerat traverse l’époque de la Révolution française pour inviter à une réflexion sur l’idéologie et les ressorts de l’action individuelle et collective.
« Ah, Ça ira, ça ira, ça ira »… scandaient hier les sans-culottes pour ragaillardir leur optimisme et fortifier l’élan insurrectionnel face à l’ennemi conservateur – réel ou fantasmé. Et aujourd’hui ? Qu’en est-il de nos enthousiasmes révolutionnaires ? Comment l’idéologie aiguillonne-t-elle l’imaginaire et arque-t-elle l’action ? Dans Ça ira (1) Fin de Louis, Joël Pommerat puise dans la Révolution française la matière d’une réflexion sur les représentations mentales qui bandent la volonté politique et enclenchent l’action, individuelle et collective. « Il ne s’agit pas d’une pièce politique mais d’une pièce dont le sujet est la politique. » précise-t-il. L’auteur et metteur en scène examine à la lumière de nos jours cet événement historique fondateur de la démocratie moderne, qui posa le socle de nos valeurs et de nos conceptions, qui vit naître nos mythes et nos grands héros. Pour cela, il traverse la tempête révolutionnaire depuis les premiers soubresauts avant 1789 jusqu’en septembre 1792, lorsque la monarchie sombra et que s’établit la Première République. Non pour en livrer une reconstitution mais pour en faire sonner l’écho au présent et s’interroger sur le surgissement de la révolte.
Théâtre épique
« Je voulais donner à voir ce travail politique, ce bousculement de la réalité, avec toutes les émotions qu’il contient, non seulement le travail de la pensée mais aussi la peur, l’épuisement, l’effort incroyable et le tragique. » raconte Joël Pommerat. Abandonnant les dispositifs circulaires ou bi-frontaux qu’il avait explorés précédemment, il « cherche à déployer une dramaturgie de la parole et des lieux qui nous mette au cœur des choses, qui fasse ressortir le vivant sous les images figées. ». Pour écrire, il a fouillé dans les archives et les discours, s’est nourri de questionnements sur l’exercice du pouvoir, sur la conjonction entre la pensée et l’action, ainsi que des improvisations expérimentées à même le plateau. Porté par quatorze comédiens, Ça ira (1) Fin de Louis met en jeu les mécanismes qui guident les mobilisations collectives et les actes individuels, observe la collision des destins personnels et de la société. « Je cherche à rendre présent le passé non pour le juger avec notre regard d’aujourd’hui, mais pour essayer peut-être de mieux le comprendre. »
Gwénola David
A propos de l'événement
Ça ira (1) Fin de Louisdu mercredi 4 novembre 2015 au dimanche 29 novembre 2015
Théâtre Nanterre-Amandiers
7 Avenue Pablo Picasso, 92000 Nanterre, France
à 19h30, sauf dimanche 15h30, relâche dimanche et lundi. Tél. : 01 46 14 70 00.