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Avignon / 2024 - Entretien / Boris Charmatz

Boris Charmatz, artiste complice du Festival d’Avignon 2024

Boris Charmatz, artiste complice du Festival d’Avignon 2024 - Critique sortie Avignon / 2024 Avignon Festival d’Avignon. Stade de Bagatelle
Crédit : Christophe Raynaud De Lage Boris Charmatz

Stade de Bagatelle / La FabricA / conception et chorégraphie Boris Charmatz

Publié le 6 juin 2024 - N° 323

Boris Charmatz décline un projet en plusieurs volets incluant des spectacles, un atelier chorégraphique, des rencontres et des projections.

Vous êtes « artiste complice » de cette 78e édition du Festival d’Avignon. En quoi cela consiste-t-il ?

Boris Charmatz : Cela correspond vraiment à la personnalité très généreuse de Tiago Rodrigues. Tout a commencé par une conversation. Il déménageait du Portugal pour aller à Avignon et moi à Wuppertal. Nous nous sommes rencontrés dans cette double migration et nous nous sommes aperçus que nous avions de nombreux points communs. Notamment une identité européenne forte qui nous paraît symbolique des défis que nous avons à affronter. Et aussi le fait que nous aimons profondément cette imbrication entre passé, présent et futur. Ce qui, évidemment, est capital pour moi à Wuppertal, puisque je dois nourrir la création et conserver l’héritage de Pina Bausch.

« Une identité européenne forte nous paraît symbolique des défis que nous avons à affronter. »

Comment dans ce cadre s’inscrit Cercles, ce spectacle qui n’en est pas un ?

B.C. : Plutôt que présenter un spectacle, j’ai choisi d’ouvrir un atelier XXXL à ciel ouvert, avec plus de 200 personnes, pendant six jours. Comme une compagnie de danse au travail. C’est un peu risqué, mais cela signifie qu’un festival n’est pas seulement réservé aux grandes formes spectaculaires, mais aussi un lieu où l’on œuvre. Les danses en cercle viennent de loin. Elles sont une sorte de degré zéro de la danse. Elles sont traditionnelles ou folkloriques, elles sont populaires, y compris dans la danse classique ; de grands chorégraphes les ont utilisées, à commencer par Pina Bausch ou William Forsythe. C’est une forme qui porte et traverse l’histoire, interroge la façon de se mettre ensemble pour danser. Aujourd’hui, se rassembler dans la diversité me paraît être une bonne démarche. Alors ce n’est pas une page blanche, puisque les danses en cercle existent depuis des millénaires, mais la chorégraphie n’existe pas, nous allons l’inventer en puisant dans une infinie variété de répertoires, à Avignon au Stade Bagatelle, un terrain de foot sous le pont de la Barthelasse.

Le Stade Bagatelle est aussi le lieu où est programmé Liberté Cathédrale. Pourquoi l’avoir choisi ?

B.C. : Liberté Cathédrale est un spectacle nomade, qui fut créé dans une église. J’aime que mes spectacles s’adaptent, se transforment. Ce sera une version la plus brute possible, assis dans l’herbe, à l’air libre. Il nous faut réinventer une partie de la musique – l’orgue ne pouvant être installé – les lumières, l’espace. Ce sera une représentation spéciale, conçue pour Avignon. C’est le premier projet que j’ai construit avec les danseurs de Wuppertal depuis que j’en ai pris la direction et avec les danseurs de [terrain], ma compagnie, et j’ai à cœur de le montrer car c’est notre présent.

Vous présentez également Forever, Immersion dans Café Müller de Pina Bausch, une forme éclatée de la pièce mythique de Pina Bausch. Pourquoi une telle version ?

B.C. : En assistant aux répétitions, j’ai eu le sentiment que l’émotion suscitée par cette œuvre était sans cesse recommencée. D’où l’idée d’une plongée dans cette pièce mythique conçue comme une performance, en vêtements de travail. Sept heures durant, vingt-cinq interprètes se relaient pour danser Café Müller, avec un public très proche à 360°, alternant avec des interludes – textes d’auteurs tels que Hervé Guibert, Heiner Müller, ou Rolf Borzik, son scénographe, ou d’interprètes comme Nazareth Panadero, Jean Laurent Sasportes, Héléna Pikon.

Vous organisez également une programmation de films, des moments de discussions…

B.C. : Avignon est un lieu de débats. Il y a un « Ciné-marathon Pina Bausch », avec par exemple Café Müller filmé par Almodovar, et une programmation aux Territoires cinématographiques avec César Vayssié. Un café complice avec Elizabeth Diller, architecte, Emma Bigé, philosophe et danseuse, Emanuele Coccia, philosophe, pour aborder les liens entre art, philosophie et architecture, et des rencontres, avec l’Agence nationale de la recherche ou Foi et Culture avec le diocèse d’Avignon en relation avec Liberté Cathédrale.

Propos recueillis par Agnès Izrine

A propos de l'événement

du samedi 29 juin 2024 au dimanche 21 juillet 2024
Festival d’Avignon. Stade de Bagatelle
chemin de la Barthelasse, 84000 Avignon

Cercles, du 29 juin au 1er juillet, à 18h, relâche le 10 juillet. Durée : 3h. Liberté Cathédrale, du 5 au 9 juillet, à 21h30, relâche le 7 juillet. Durée : 1h45.

La FabricA, 11 rue Paul Achard, 84000 Avignon. Forever, Immersion dans Café Müller de Pina Bausch, du 14 au 21 juillet, à 13h, 15h, 16h45, 18h, relâche les 16 et 19 juillet. Tél : 04 90 14 14 14. Durée 2h environ.

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