« Shahara » Sarah Tick porte à la scène le texte de Caroline Stella et façonne, un périple original et touchant
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Entre bouffées de grotesque et de mélancolie, les employés d’un magasin d’ameublement tentent d’échapper à la superficialité de leur quotidien. Ils donnent libre cours à leurs divagations imaginaires. L’autrice et metteuse en scène Maïanne Barthès signe une comédie existentielle à la drôlerie fantasque. Quand l’absurde fait sens.
Le lieu dans lequel nous invite à déambuler Maïanne Barthès (artiste associée à la Comédie de Saint-Etienne et au Théâtre de Villefranche) nous fait penser, bien sûr, à une célèbre enseigne d’origine suédoise. Chaque objet, chaque meuble, a une étiquette avec son prix, jusqu’au moindre accessoire. Tout y est aménagé avec rigueur, afin de représenter un bien-être accessible au plus grand nombre. Une idée du bonheur ? Un salon d’apparence confortable. Une table bien mise. Un (faux) bouquet de fleurs là où il faut… Mais ce magasin pourrait tout aussi bien appartenir à une autre marque d’ameublement et de décoration. Car le théâtre sensible et poétiquement cocasse auquel travaille la fondatrice de la Compagnie Spell Mistake(s) ne trace pas de lignes faciles et définitives. Il ne s’érige ni en donneur de leçons, ni en redresseur de torts. Il laisse planer des ambiances, élabore des situations improbables, vise le substantiel plutôt que l’anecdotique. Alors, Ikea ou autre chose, nous voici entrés dans un monde où les idées sont chagrines, mais les horizons vastes. Un monde où six employés tournent en rond, soumis aux injonctions de réalités ingrates.
Une comédie qui tangue
Ces personnalités disent, agissent, rêvassent, rôdent, divaguent… Elles évoluent entre une salle de repos minuscule et un espace de vente factice qu’elles doivent rendre attrayant (la scénographie, savamment déconstruite, est de Camille Allain-Dulondel). Malmenées par les assauts de la trivialité, leurs consciences s’échappent. Elles ouvrent vers des ailleurs surprenants. Parfois purement grotesques, parfois mystérieuses, parfois joliment introspectives, les trouées de ces mondes parallèles viennent percuter de plein fouet la quotidienneté d’esprits mélancoliques. Elles donnent naissance à des moments troubles et loufoques. Pour interpréter cette réflexion sur les chimères de la société de consommation, Maïanne Barthès a fait appel à Odile Ernoult, Cécile Maidon, Slimane Majdi, Guillaume Mittonneau, Baptiste Relat et Cécilia Steiner. Ces clowns contemporains aux profondeurs métaphysiques nous font rire aux éclats. Ils regardent avec exigence du côté de la farce, soulèvent au passage bien des écueils et des questions. Faut-il privilégier la poésie ou la lucidité ? Les sorties de route saugrenues de ces êtres de théâtre répondent, de façon libre et joyeuse, à ce dilemme pas réellement cornélien.
Manuel Piolat Soleymat
à 20h, le 11 janvier à 14h30 et 17h30. Durée : 1h45. Spectacle vu le 14 novembre 2024 à la Comédie de Saint-Etienne, lors du festival Courts-Circuits. Tél. : 01 83 75 55 70. www.lesplateauxsauvages.fr
Également du 9 au 20 avril 2025 aux Célestins - Théâtre de Lyon.
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