La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Danse - Entretien / Rami Be’er

Asylum de Rami Be’er et la Kibbutz Dance Company

Asylum de Rami Be’er et la Kibbutz Dance Company - Critique sortie Danse Paris Théâtre de Paris
Crédit : Udi Hilman Asylum de Rami Be’er par la Kibbutz Dance Company

Festival Le Paris de la Danse / Chor. Rami Be’er

Publié le 24 mai 2019 - N° 277

Rami Be’er et la Kibbutz Dance Company, après le succès de Mother Milk, reviennent pour la deuxième fois au festival Paris de la Danse avec Asylum.

Vous dites vous confronter, dans Asylum, à la question des réfugiés, de l’immigration, et à l’idée de patrie ou de foyer, mais d’un point de vue existentiel… Que voulez-vous dire exactement ?

Rami Be’er : Chaque être humain né dans ce monde cherche son foyer, sa patrie, son appartenance, l’endroit où il se sent en sécurité, sécurisé, et où il peut être libre. Ces sentiments concernent tout un chacun : chacun cherche sa place. Asylum n’est donc pas seulement une pièce autour des réfugiés actuels que l’on voit se déplacer tout autour du monde, d’un pays à l’autre. C’est une façon plus large de considérer ce problème, aussi bien  à l’échelle de la société que de l’individu.

En tant que membre d’une famille de survivants de la Shoah, pensez-vous être plus attentif aux concepts d’asile, de refuge ?

R.B. : Bien sûr ! Etre le fils de survivants de la Shoah fait partie de mon identité, de mon histoire, de mon être, et je crois que cet héritage est lié indissolublement à Asylum.

La notion de patrie n’est pas tout à fait neutre, en Israël…

R.B. : A travers et malgré les différents conflits auxquels le pays doit faire face en tant qu’Etat, Israël recherche une façon de se sentir sécurisé, et souhaite réussir à vivre en paix. Le pays doit se confronter à une réalité conflictuelle, d’un point de vue intérieur et extérieur, avec ses voisins. Évidemment c’est compliqué. Parce qu’il y a beaucoup d’affects, beaucoup de méfiance, très ancrés historiquement. Vous avez à vivre dans des lieux où vous devez prendre le risque d’habiter, et, en l’occurrence, être assez fort pour prendre le risque de se réconcilier, de faire le premier pas pour trouver une solution. Mais ce n’est pas facile. Parce que la réalité est complexe, ce n’est pas noir ou blanc…

« J’arrive à créer une forme d’unité qui peut instiller le parfum, l’essence de ma réflexion. »

Comment transcrivez-vous de telles notions en mouvements, en chorégraphie ?

R.B. : Si je pouvais l’expliquer avec des mots, je suppose que j’écrirais un livre. Mais je m’exprime différemment grâce au mouvement, à l’espace, à la musique, aux éclairages et à la scénographie – tous ces outils auxquels je suis habitué et qui composent mon univers. J’arrive à créer une forme d’unité qui peut instiller le parfum, l’essence de ma réflexion aux spectateurs. Le cœur de la chorégraphie demeure défini bien sûr par les mouvements des danseurs, par leurs corps.

Quelle musique avez-vous choisie pour cette pièce ?

R.B. : J’ai joué du violoncelle, et mes parents m’ont transmis une grande culture musicale. Mon père était architecte, tout en étant violoniste, et mes trois sœurs jouaient de différents instruments donc nous avions l’habitude de faire de la musique de chambre à la maison. La musique reste une grande source d’inspiration pour moi, c’est ce qui induit ma vision du mouvement, les tableaux de mes pièces. Pour Asylum, une partie de la musique est donc composée par moi-même, l’autre est choisie parmi différents morceaux que j’ai sélectionnés. J’ai enregistré des chants d’enfants en hébreu qui disent à peu près ceci : « Going in circle, going in circle, going in circle all day long, Standing, sitting, going in circle until we’ll find our place ». Je pense que cette chanson donne en quelques mots l’essence d’Asylum.

Propos recueillis par Agnès Izrine

A propos de l'événement

Asylum de Rami Be’er et la Kibbutz Dance Company
du vendredi 21 juin 2019 au dimanche 23 juin 2019
Théâtre de Paris
15, rue Blanche 75009 Paris

Le Paris de la Danse.

Les 21 et 22 juin à 20h30. Le 22 à 15h00 et le 23 à 16h00.

Tél. : 01.48.74.25.37. Durée 1h30.

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