La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Danse - Entretien / Amala Dianor

The Falling Stardust d’Amala Dianor

The Falling Stardust d’Amala Dianor - Critique sortie Danse Montpellier
Crédit : Jeff Rabillon Amala Dianor s’amuse du classique tout en le prenant très au sérieux.

Publié le 24 mai 2019 - N° 277

« Accepter d’abandonner pour se révéler autrement » : c’est le défi relevé par les neuf interprètes de la dernière création d’Amala Dianor, qui affirme sa délicate attention à l’Autre et son désir de transmission.

Ce n’est pas votre première pièce de groupe. Comment s’inscrit-elle dans votre parcours ?

Amala Dianor : Je suis dans la continuité de ma démarche, mais la grande nouveauté a été de travailler avec des danseurs que je ne connaissais pas, rencontrés à travers une audition. Mon parti pris a été de choisir de jeunes danseurs tout juste issus de cursus scolaires type CNDC et conservatoire. Des danseurs dynamiques, avec l’envie de croquer la pomme ! J’ai surtout cherché chez eux une disponibilité d’esprit, et évidemment un niveau technique élevé, puisque ce que je donne à voir avant tout, c’est le mouvement dansé. L’idée était de rassembler des personnes pouvant fonctionner avec leurs différences. Cela prend du temps d’accepter les différences de l’autre. La pièce est délicate et fédératrice, puisqu’il s’agit d’amener des danseurs classiques à se détacher de leur technique pour aller ailleurs. Quand on est dans un terrain de fragilité, où l’on contrôle moins ce que l’on donne à voir, il faut trouver le chemin du lâcher-prise. Dans le doute, il d’agit de faire totalement confiance et de s’ouvrir aux autres. C’est une question que nous avons tous traversée, en trouvant une issue dans le dialogue.

Sur scène, derrière les personnalités de chacun, on devine tout de même une écriture, voire même des gestes, qui vous appartiennent. Comment avez-vous travaillé ensemble ?

A.D. : Au départ, je voulais être danseur dans ce projet-là, mais je me suis rendu compte que je n’y avais pas ma place, pour des raisons de génération ou de technique, car je ne maîtrise pas aussi bien la technique classique… Mais ce qui m’importait par-dessus tout, c’était la question de l’accompagnement de ces jeunes danseurs. Je leur ai montré beaucoup de matériel m’appartenant, appartenant aux anciennes pièces, et c’est à travers ma matière que j’ai trouvé le liant, dans un premier travail de transmission, puis d’appropriation.

« Regarder quelqu’un, mettre le regard en mouvement, cela déstabilise les appuis. »

Une très belle chose se dégage du groupe, notamment à travers le regard, qui a son importance dans votre travail…

A.D. : Ce sont des choses que je développe depuis pas mal de temps, et que j’ai apprises chez Emanuel Gat. Comment tu danses, comment tu invites, comment tu intègres les personnes qui sont avec toi sur scène, au lieu d’en faire abstraction… Je trouve importante cette relation qui se crée avec les regards. Les danseurs classiques ont tendance à se projeter et à danser pour le public, quitte à façonner leur mouvement pour cela. Le fait de regarder au lointain dans le public leur donne un point d’appui. Quand on regarde les autres, cela change les repères. Regarder quelqu’un, mettre le regard en mouvement, cela déstabilise les appuis, et cela a été une grande partie du travail des danseurs. Et je rajoute au travail la nécessité de s’impliquer intellectuellement, d’avoir des prises de décision, des réactions par rapport aux autres.

Qu’évoque le titre pour vous ?

A.D. : C’est une référence à la danse classique, et à ses étoiles. A travers cette pièce, je pense à ceux qui acceptent d’abandonner pour se révéler autrement.

 

Propos recueillis par Nathalie Yokel

A propos de l'événement

The Falling Stardust d’Amala Dianor
du dimanche 23 juin 2019 au lundi 24 juin 2019


à 22h. Tél. : 0800 600 740.

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