La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Danse - Gros Plan

Anne Teresa De Keersmaeker

Anne Teresa De Keersmaeker - Critique sortie Danse Paris.
Anne Teresa De Keersmaeker Crédit : Anne Van Aerschot

Festival d’Automne à Paris / Portrait

Publié le 3 août 2018 - N° 268

Rares sont les chorégraphes qui peuvent afficher plus de trente-cinq ans de créations. C’est le cas d’Anne Teresa De Keersmaeker, à laquelle le Festival d’Automne à Paris consacre un « portrait » composé de onze pièces différentes qui jalonnent son parcours d’exception.

Dès le début des années 80, Anne Teresa De Keersmaeker impose un style. Si elle explore initialement les mouvements minimalistes (Fase, four movements for Steve Reich, 1982, ou Rosas Danst Rosas,1983, sur la magnifique partition de Thierry de Mey), elle en détourne le sens premier pour créer des chorégraphies en osmose avec la composition musicale. Peu à peu, elle invente des structures savamment complexes et extraordinairement rapides qui génèrent une sorte d’ivresse du mouvement, un vertige de la perception. Pour elle, la composition est indissolublement liée à l’émotion, l’une naît de l’autre et réciproquement. Chorégraphiquement parlant, les qualités de mouvement sont toujours intimement liées à la partition musicale qu’elle choisit, sachant rendre lisible une rythmique interne qui finit par impulser son caractère et sa dynamique à la pièce. Elle n’hésite pas à se confronter à Bartok, Reich (Rain, 2001), Ligeti et Ysaïe (Achterland,1990), Grisey (Vortex Temporum, 1996), Schoenberg (La Nuit transfigurée, 1995/2014), mais aussi John Coltrane (A Love Supreme, 2005/2017), Mozart, ou Bach (Mitten wir im Leben sind, 2017, sur les six Suites pour violoncelle interprétées par Jean-Guihen Queyras).

De la création à la transmission

Parallèlement, ses œuvres ont toujours un thème sous-jacent qui fait apparaître la personnalité de ses interprètes à travers le corset musical de la partition d’où la gestuelle s’élance avec une légèreté aérienne, une liberté formelle et un foisonnement d’expressions. Son mouvement oscille de la vigueur à la sensibilité dans un battement pulsatile fait de heurts, de revirements, de calmes soudains qui dilatent brusquement l’espace. Enfin, c’est l’une des seules chorégraphes à pouvoir s’aventurer avec tout autant de bonheur du côté du théâtre et monter magnifiquement des pièces de Heiner Müller, tout en renforçant la nervosité de l’écriture chorégraphique comme dans son stupéfiant Quartett (1999, avec le collectif tg STAN, d’après Les Liaisons dangereuses de Laclos). Tout un pan du travail de transmission entrepris par la chorégraphe depuis une dizaine d’années sera aussi présenté dans le Festival. Que ce soit par son travail en forme de palimpseste que l’on pourra découvrir avec Zeitigung (issu des créations, reprises, recréations, de Zeitung et Re-Zeitung), ou encore en donnant accès à ses sources et ses principes structurants. Les curieux pourront l’éprouver dans le Slow Walk, où les danseurs de Rosas et de P.A.R.T.S. invitent les Parisiens à les rejoindre pour une marche lente, finissant par un workshop sur la place de l’Hôtel de Ville. Et les danseurs professionnels et amateurs, adultes comme enfants, pourront se rendre au CN D le temps d’un week-end intitulé La Fabrique qui leur est dédié (lire notre article intitulé La Fabrique Anne Teresa De Keersmaeker).

Agnès Izrine

A propos de l'événement

Échelle Humaine
du samedi 15 septembre 2018 au dimanche 23 septembre 2018


Fase, Four Movements to the Music of Steve Reich, Centre Pompidou – 19 au 22 septembre, Slow Walk Paris le 23 septembre ; Rosas danst Rosas, Espace 1789 / Saint-Ouen, 28 septembre, Théâtre Jean Vilar, Vitry-sur-Seine, 30 septembre, Théâtre-Sénart, 2 octobre ; !POC! / Alfortville, 4 octobre, Théâtre du Fil de l’eau, Pantin avec le CND, 6 et 7 octobre,  Le CENTQUATRE-PARIS du 10 au 13 octobre ; La Fabrique, CND Centre national de la danse les 6 et 7 octobre ; Achterland Maison des Arts Créteil avec le Théâtre de la Ville du 16 au 18 octobre, Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines, 20 décembre ; Verklärte Nacht, Théâtre de la Ville – Espace Cardin du 18 au 24 octobre ; Zeitigung, Théâtre des Abbesses du 10 au 18 novembre ; Mitten wir im Leben sind / Bach6Cellosuiten, Philharmonie de Paris avec le Théâtre de la Ville du 17 au 19 novembre ; Vortex Temporum MC93 du 22 au 24 novembre ; A Love Supreme Espace 1789, Saint-Ouen, 23 novembre, Théâtre de Rungis, 6 décembre, Pôle culturel La Lanterne de Rambouillet, 14 décembre, Théâtre Firmin Gémier – La Piscine, Châtenay-Malabry les 15 et 16 décembre, Théâtre du Beauvaisis, 18 décembre, Théâtre des Louvrais, Pontoise les 20 et 21 décembre ; Quartett Centre Pompidou du 28 novembre au 1er décembre ; Rain (live), La Villette, Grande Halle avec le Théâtre de la Ville du 6 au 8 décembre.

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