L’excellent duo Éric Verdin – Renaud Danner reprend Dieu habite Düsseldorf de Sébastien Thiéry
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Robin Renucci met en scène Andromaque avec une économie de moyens et une intelligence dramaturgique qui offrent au jeu et au texte l’occasion d’une glorieuse apothéose.
Si la bourgeoisie, en ses calculs mesquins, vise l’enrichissement, l’aristocratie héroïque se plaît aux dépenses de prestige. À cet égard, la première est experte dans l’arithmétique des affects, qui accorde les dépenses aux recettes, là où la seconde s’accommode du déséquilibre voire du sacrifice, à condition qu’ils servent sa gloire. Pour en rendre compte, Robin Renucci choisit donc de mettre en scène Andromaque selon une géométrie des affects. Les comédiens sont installés à vue autour de la piste des passions, où viennent s’affronter l’amour et la haine, la pitié et le ressentiment, la jalousie et la fidélité, le regret et l’espoir. Chacun est prêt à tout perdre pour obtenir ce à quoi il aspire, et les personnages sont convoqués à l’intérieur du cercle qui marque le centre de la scène, pour une série de duels sanglants. La veuve d’Hector finit par emporter le combat, sans doute parce qu’elle est la seule à préférer le suicide au meurtre et à ne pas s’estimer à travers l’estime des autres, puisqu’elle brûle pour un mort.
Aristocratique et populaire
Simplicité des costumes, austérité du décor (quelques chaises et un gong scandant les actes de la tragédie), perfection de la diction et fluidité du jeu : tout est au service de la langue de Racine, dont chaque mot semble pesé pour mieux dire l’inextricable tourment de héros soumis à leurs passions plus encore qu’aux arrêts des dieux, qui continuent en Epire le jeu de massacre commencé à Troie. De même que la mise en scène fait briller les acteurs, ceux-là sont entièrement au service du poème. Chani Sabaty (Andromaque) Sylvain Méallet (Pyrrhus), Julien Léonelli (Oreste), Marilyne Fontaine (Hermione), Thomas Fitterer (Pylade), Judith D’Aleazzo (Cléone), Solenn Goix (Céphise) et Patrick Palmero (Phoenix) font œuvre commune avec une très belle harmonie. N’en déplaise au drame bourgeois, Robin Renucci rappelle avec cette mise en scène qu’il est une manière aristocratique de faire du théâtre, généreuse et glorieuse comme le recommandait l’éthique du Grand Siècle, accessible à tous et donc en cela populaire.
Catherine Robert
à 21h30 (relâche le lundi 11 juillet). Tél. : 04 90 86 74 87. Durée : 2h.
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