Artemisia Gentileschi par le Groupe Vertigo, mise en scène Guillaume Doucet
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Stéphane Schoukroun, juif séfarade, et Jana Klein, germano-tchèque, interrogent le chantier identitaire que constitue leur couple. Que transmettre à leur enfant et comment ? Réponse en forme d’inlassable questionnement, entre humour et gravité. Une partition tout en nuances et sensibilité.
C’est un drôle de chantier, sans plan préétabli, sans avenir tracé, un chantier qui se construit et se réfléchit au présent, sous nos yeux. Avec quelques tracas : des désaccords, des renoncements, des secrets, des méandres, des contradictions, des réinventions… Ce qui est en jeu, c’est l’élaboration d’une histoire commune, celle qui unit Stéphane Schoukroun, juif séfarade, et Jana Klein, allemande, ou plutôt germano-tchèque. Il avait cru lors de leur rencontre qu’elle était juive ashkénaze, mais non : il se trouve que Klein, « c’est le Dupont de la Rhénanie », corrige-t-elle. Aujourd’hui, leur petite Livna a neuf ans et s’apprête à entrer au collège, c’est un bon moment pour revenir sur leur histoire, se demander comment raconter, comment démêler et transmettre, comment assembler tous ces fragments épars… Avec la compagnie (S)-Vrai qu’il porte depuis quelques années, le metteur en scène, scénariste et comédien a souvent créé des spectacles et performances documentaires qui questionnent les identités, les expériences et les territoires, qui interrogent la friction entre l’intime et le social. Cette fois, c’est leur propre vécu que Stéphane Schoukroun et Jana Klein auscultent, à travers une enquête autofictionnelle sensible, tout en nuances et contrastes, qui parvient à associer de manière fine et souvent drôle incarnation et distanciation, en questionnant aussi en temps réel le processus de fabrication du spectacle.
Entre dépossession et réinvention
Une entreprise vertigineuse, décidée au moment où les derniers témoins de la Seconde guerre mondiale vont bientôt disparaître, au moment aussi où l’antisémitisme resurgit en France et ailleurs. Ils retraversent ainsi leur rencontre, la grossesse de Jana, le lien à leurs familles, à l’altérité, et font appel à deux auxiliaires extérieurs pour les assister dans leurs investigations. Des auxiliaires aux réponses faussement adaptées, car orientées par un… algorithme, soit en partie par les attentes les plus répandues : Alexa et Siri, plus fantaisistes et plus décalés que jamais, osant quelques réflexions empreintes de subjectivité, crachant aussi dans la lignée de l’exposition vichyste un catalogue de clichés antisémites en réponse à la question : « comment reconnaît-on un juif ? ». Nous avons assisté à une répétition générale, à la trame narrative bien structurée. L’ensemble compose une quête traversée d’humour, au présent, mais aussi pour l’avenir. Un théâtre où le jeu et le vécu se chahutent, qui vise à la réparation.
Agnès Santi
à 15h30. Relâche les 12, 19 et 26 juillet. Tél. : 04 84 51 20 10. www.11avignon.com Spectacle vu au Théâtre-Studio d’Alfortville.
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