Le Sacrifice de Dada Masilo
Pour cette pièce, la chorégraphe [...]
Sur le plateau du Théâtre Benoît-XII, la comédienne et metteuse en scène Élise Vigier convoque le fantôme d’Anaïs Nin. Une succession de scènes qui s’entrecroisent, se complètent, se répondent… Sans créer de grandes évidences de vie ou de théâtre.
Née à Neuilly en 1903, disparue à Los Angeles en 1977, Anaïs Nin fut l’une des femmes de lettres les plus libres, les plus singulières, les plus anticonformistes du XXème siècle. À la tête d’une belle troupe d’interprètes (les comédiennes et comédiens Ludmilla Dabo, William Edimo, Nicolas Giret-Famin, Louise Hakim, Dea Liane, Makita Samba, Nantené Traoré et le musicien Marc Sens), Élise Vigier rend hommage à l’écrivaine franco-américaine en créant Anaïs Nin au miroir, une plongée impressionniste à la croisée de son œuvre et de son existence. Écrite par Agnès Desarthe à partir d’extraits des journaux intimes de l’autrice, de nouvelles (La Chanson dans le jardin, Le Sentiment tzigane, Le Russe qui ne croyait pas au miracle et pourquoi, Les Roses rouges, Un Sol glissant…) et d’un travail d’improvisations des actrices et des acteurs, cette pièce en forme de mise en abyme entrelace théâtre, cinéma, cabaret et numéros d’illusionnisme pour rendre compte de la dimension kaléidoscopique de cette artiste à bien des égards insaisissable.
Une écrivaine qui se cherche
« J’écris pour respirer », disait Anaïs Nin, « j’écris pour goûter la vie deux fois ». L’écrivaine explorait, dans la profondeur de sa pensée et de sa sensibilité, les liens qui font s’unir ou se contredire le réel et la fiction, les choses du quotidien et celles de la littérature. Ici, dans la proposition en demi-teinte imaginée par Élise Vigier, cet univers passionnant se déploie et s’effiloche. Bien sûr, le film de Nicolas Mesdom, projeté en fond de scène, nous plonge dans un passé évanescent par le biais de magnifiques plans en noir et blanc. De même, les interprètes qui investissent les textes d’Anaïs Nin sur le plateau (incarnant des artistes de cabaret en train de répéter un spectacle sur l’autrice) sont irréprochables. Ils confèrent beaucoup de fantaisie à cette réflexion sur le pouvoir des mots, sur le théâtre et ses fantômes. Mais quelque chose ne prend pas. Quelque chose peine à surgir. L’écriture d’Agnès Desarthe aurait mérité davantage de chair, davantage d’inspiration. Une force théâtrale et poétique manque. Au fil de la représentation, Anaïs Nin au miroir s’essouffle et nous perd en longueurs.
Manuel Piolat Soleymat
à 18h, le 16 juillet à 19h, relâche le 11 juillet. Tél : 04 90 14 14 14. Durée : 2h15.
Également du 11 au 14 octobre 2022 à La Comédie de Caen, du 19 au 22 octobre au Théâtre Dijon-Bourgogne, du 10 novembre au 11 décembre au Théâtre de la Tempête, les 7 et 8 mars 2023 à La Passerelle à Saint-Brieuc.
Pour cette pièce, la chorégraphe [...]