Avignon / 2016 - Entretien / Omar Abusaada
Alors que j’attendais
Gymnase Paul Giéra / de Mohammad al Attar / mes Omar Abusaada
Publié le 26 juin 2016 - N° 245Compagnon de route du dramaturge syrien Mohammad al Attar, Omar Abusaada a mis en scène plusieurs de ses textes. Avec Alors que j’attendais, le metteur en scène revient une nouvelle fois à son écriture. Une métaphore théâtrale du marasme dans lequel est plongé leur pays.
« On parle souvent de guerre à propos de la situation en Syrie. Je ne suis pas très à l’aise avec ce terme-là. Car ce qui se passe aujourd’hui est la conséquence directe de la répression brutale qui mit fin, en 2011, à l’impulsion révolutionnaire. C’est à partir de ce moment-là que ma vie a définitivement changé. Ma famille a quitté Damas. La plupart de mes amis sont partis vivre à l’étranger. Et parmi ceux qui sont restés, certains ont été arrêtés par les autorités. L’un d’entre eux est même mort en prison. Tous ces événements tragiques ont bien sûr changé le regard que je porte sur l’existence. Ils ont également eu une influence sur mon travail théâtral. Je me suis mis en quête de nouveaux matériaux et de nouveaux outils pouvant me permettre de rendre compte de ces changements radicaux. Aujourd’hui, plus que jamais, le théâtre est la chose qui me permet de continuer à vivre, de faire face à la mort.
Continuer à vivre
Alors que j’attendais raconte l’histoire d’un homme qui, au début de l’année 2015, est tombé dans le coma suite à un mystérieux accident. Témoin de ce qui s’est passé en Syrie avant cela, il est mis dans la position d’attendre passivement ce qui va arriver par la suite. Il me semble que c’est plus ou moins, symboliquement, la situation dans laquelle se trouvent aujourd’hui la plupart des Syriens. Ils sont assis devant leur télévision sans pouvoir réellement prendre en charge, d’une façon ou d’une autre, le destin de leur pays… Ce spectacle laisse apparaître une métaphore théâtrale de ce qui se déroule actuellement en Syrie. Bien que mon théâtre ait toujours été un théâtre politique, après les événements de 2011, il l’est devenu encore davantage. Et, dans le même mouvement, il est également devenu de plus en plus théâtral. Car je crois que ce n’est qu’alors que j’ai vraiment pris conscience du rôle essentiel que le théâtre a à jouer dans le monde d’aujourd’hui. »
Propos recueillis par Manuel Piolat Soleymat
A propos de l'événement
Alors que j’attendaisdu vendredi 8 juillet 2016 au jeudi 14 juillet 2016
Festival d’Avignon. Gymnase Paul Giéra
55 Avenue Eisenhower, 84000 Avignon, France
à 18h30, relâche le 10. Tél : 04 90 14 14 14. Durée : 1h30.