Carte blanche à Frédéric Sonntag
Frédéric Sonntag et la compagnie AsaNIsiMAsa [...]
Jacques Gamblin écrit et met en scène un duo avec le danseur Bastien Lefèvre. Où il est question de sport, de performance et de joie, mais surtout de transmission et de paternité.
La Maison de la Culture d’Amiens avait déjà accompagné Jacques Gamblin et Bastien Lefèvre dans Tout est normal, mon cœur scintille, duo à l’inextinguible succès. Pas sûr que 1 heure 23′ 14 » et 7 centièmes établisse un nouveau record dans le genre. Le spectacle, qui devrait mûrir, traîne à ce stade en longueurs et sous le poids des bons sentiments. En jeu : un entraîneur et son élève, d’une bonne génération son cadet. Longtemps, le spectateur se demande à quel sport ces deux-là s’adonnent. Gymnastique au sol ? Course de haies ? Patinage artistique ? La séance que dirige Jacques Gamblin est bizarre et cocasse, amusante parfois, et tourne à la chorégraphie bien réglée où le cadet place ses pas dans celui de son aîné. Puis vient le temps pour le jeune athlète d’apprendre à marcher seul, à être soi – vraiment soi -, à tracer sa propre trajectoire en cherchant « à faire mieux, toujours mieux, ou autrement ». La vie est donc envisagée comme une compétition, reprenant ce désir enfantin d’être le meilleur au monde qui, se cognant au réel au fur et à mesure que l’on grandit, est accompagné par les parents.
Au revers de la médaille
Cette métaphore, qui se dévoile petit à petit, ne se révèle vraiment qu’à la fin du spectacle et structure un texte sensible et original. Gamblin est aussi l’auteur d’Entre courir et voler, il n’y a qu’un pas papa. Passerelle évidente entre les deux : ici, l’élève est venu voir son entraîneur pour apprendre à voler et, longtemps, son entraîneur le fait travailler sur son premier pas. L’écriture de Gamblin est sensible, tout comme son jeu, et à la fois concrète et poétique. Le spectacle entre théâtre et danse soutient l’intérêt du spectateur en ne décryptant les métaphores du texte que progressivement. Au revers de la médaille cependant, le flottement prolongé du sens désempare et floute l’attention du spectateur. De plus, la tendresse qui lie les deux protagonistes – sans doute semblable à celle liant un enfant et son père – donne à leur relation un caractère exagérément sucré, où toute hostilité ne s’exprime au pire que sous forme de petite vacherie. Ainsi la leçon de vie flirte parfois avec le bien-pensant, et la sensibilité court le risque de la sensiblerie. Sur le thème du désir de performance et de la compétition comme ressort de la réalisation de soi, il y avait lieu à être plus mordant.
Eric Demey
L'Arc, Scène nationale du Creusot, le 7 février . Tel : 03 85 55 13 11. Le Forum, Fréjus, le10 février . Tel : 04 94 95 55 55. CNCDC, Châteauvallon, du 12 au 15 février. Tel : 04 94 22 02 02. Le Théâtre, Scène nationale de Saint-Nazaire, du 27 février au 1er mars . Tel : 02 40 22 91 36. Théâtre Anne de Bretagne, Vannes, du 3 au 5 mars . Tel : 02 97 01 62 00. Scène nationale de Chambéry et de Savoie , du 10 au 13 mars . Tel : 04 80 14 02 46. Le Radiant, Caluire, le 14 mars . Tel : 04 72 10 22 19. L'Archipel, Granville, les 17 et 18 mars . Tel : 02 33 69 27 30. Théâtre municipal, Coutances, les 20 et 21 mars . Tel : 02 33 76 78 50. La Coursive, Scène nationale de La Rochelle, du 24 au 28/03 mars . Tel : 05 46 51 54 02/03. Spectacle vu à la Maison de la Culture d'Amiens lors de la création.
Frédéric Sonntag et la compagnie AsaNIsiMAsa [...]