La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

1 heure 23’ 14’’ et 7 centièmes

1 heure 23’ 14’’ et 7 centièmes - Critique sortie Théâtre Paris Le 104

LE CENTQUATRE
De et avec Jacques Gamblin et Bastien Lefèvre

Publié le 21 février 2017 - N° 252

Après le succès de Tout est normal mon cœur scintille, Jacques Gamblin retrouve Bastien Lefèvre pour un duo entre un coach et un sportif de haut niveau. 

Qu’est-ce qui se joue dans cette relation entre un coach et un sportif ?

 

Jacques Gamblin : Entre le coach et le sportif se joue une relation complexe et passionnante parce que passionnée. On ne fait pas du sport un métier par hasard, on a affaire à des êtres d’engagement, qui ont le corps et l’esprit tournés intégralement vers ce qui les anime. On peut tout trouver dans cette relation : de la transmission bien sûr, mais aussi du paternalisme, de l’amitié voire de l’amour, de la frustration, des rapports de force très tendus, de la violence, de la bienveillance et de la valorisation, de la soumission, de la dépendance, etc. Ces deux-là passent énormément de temps ensemble et traversent des épreuves de toutes sortes qu’il faut sans cesse savoir gérer. C’est un échange qui s’établit et qui va loin dans l’intime puisque ces deux hommes travaillent sur tous les fronts de leurs personnalités. Ce qui nous intéresse dans le spectacle est la correspondance tissée entre ce domaine spécifique et n’importe quel autre domaine.

 

 

Est-ce un dépassement des limites ou un dépassement de soi qui est en jeu ?

JG. : Le dépassement de soi est une expression étrange pour dire en réalité que l’on cherche à se rapprocher de soi, à être égal à soi. Un soi ouvert à des possibles jamais imaginés auparavant. Un soi qui se surprend. Parce qu’en effet je pense qu’un homme est sans limite, ou plutôt qu’il ne connaît pas sa limite. La limite n’est toujours que provisoire, c’est toujours celle d’une heure ou d’un jour. Un homme peut faire gain d’une contre-performance dans tous les domaines de sa vie. Comme une performance peut laisser un homme dans un vide ou une solitude dont il ne se remettra que difficilement. Tout est toujours possible et les inconnues sont infiniment variées. On ne les connaît que lorsqu’on les rencontre…

« Il y a du théâtre dans la danse et de la danse dans le théâtre. » 

Comment caractérisez-vous les deux personnages ?

JG. : On pourrait dire que le jeune est fougueux, comme un cheval mal débourré. Il a une soif de réussir qui lui donne une énergie hors du commun mais aussi qui l’abîme car il ne sait pas la contrôler. L’entraîneur n’a de cesse de chercher les moyens de mettre un peu d’ordre dans cette fougue sans l’écraser. Il ne trouve pas toujours la meilleure solution mais au moins il essaie, il tente. Nous sommes face à deux hommes qui cherchent, parfois réussissent et parfois se trompent. Ils sont faillibles, mais doivent absolument travailler en confiance sinon tout s’écroule, comme dans un couple. Tout cela passe inévitablement par des moments de grand plaisir et de connivence mais aussi de conflit, ce qui génère de la violence ou plutôt du désir de violence et d’en finir avec l’autre.

 

Quel rôle ont le mouvement et l’effort physique dans la mise en scène ?

JG. : La forme que nous donnons au spectacle crée un décalage immédiat puisque l’athlète est joué par un danseur contemporain et que le mouvement devient un sport sans nom. Avec un sport classique aussi, lorsqu’on voit un sportif travailler un geste qui n’est qu’une petite partie de son geste final, un geste décomposé, on atteint très vite à l’abstrait et donc à l’absurde et parfois au burlesque. L’essentiel n’est pas dans la définition du geste mais dans la crédibilité de ce geste et des corps en action. Il y a de l’humour, une forme d’absurde, de la fantaisie mais aussi des états forts et des humeurs. Et il y a du théâtre dans la danse et de la danse dans le théâtre. Le parcours sera particulièrement physique dans un premier temps pour devenir plus mental par la suite. Comme un entraînement acharné pour atteindre un jour à l’équilibre. Juste être bien là où on se trouve. Ça pourrait être cela, la victoire…

Propos recueillis par Agnès Santi

A propos de l'événement

1 heure 23’ 14’’ et 7 centièmes
du mardi 14 mars 2017 au dimanche 9 avril 2017
Le 104
5 Rue Curial, 75019 Paris, France

Du 22 mars au 2 avril à 20h30, dimanche à 17h, relâche les 27, 30 et 31 mars. Tél. 01 53 35 50 00. Durée : 1 heure 23’ 14’’ et 7 centièmes (environ !).

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