DANSE

Pierres blanches posées en travers du calendrier printanier, qui accrochent le flot des jours comme de brillants souvenirs : les Rendez-vous chorégraphiques de Sceaux sont depuis des années un temps fort de la saison. C’est dans un frisson affolé de castagnettes que s’ouvrira cette édition : Miguel Angel Berna, virtuose de la jota aragonaise, donnera Mudéjar, impétueux solo qui célèbre les points cardinaux de la vie. L’élégance fauve et le geste magistral, il trace entre folklore et musique traditionnelle la ligne contemporaine d’une danse farouche, obstinée, jusqu’au paroxysme. La scène prendra des tons plus intimes avec Maryse Delente, qui se glisse sous La cloche de détresse de la poétesse américaine Sylvia Plath, pour façonner sa propre Cloche de verre. Dans cette création pour cinq danseurs, la chorégraphe explore les notions de transparence, d’univers clos, les sensations pluvieuses qui parfois nouent la gorge. « Travail sur le sens, sur la lumière, sur la matière… s’approcher de ces instants de transparence qui estompent les frontières entre le dedans et le dehors, entre le réel et l’imaginaire, entre le noir et le blanc, entre le dire et le taire… » esquisse-t-elle, ajoutant aussitôt : « Je pars d’une intuition, d’un nécessité. »

L’amour, toujours

Avec Joëlle Bouvier, la tourmente des émotions va s’engouffrer au creux du cœur, jusqu’à brûler ses chaînes. L’Amour, créé pour cinq danseurs dans le cadre d’une résidence de production aux Gémeaux, vibre de plaisirs criblés de solitude, de désirs piqués d’éclats de rire. « L’amour est une fumée formée des vapeurs de soupirs. » écrivait Shakespeare. Joëlle Bouvier écoute sourdre l’insoumise rumeur, qui chauffe la verve incandescente d’une danse lyrique, puissamment expressive et charnelle. Enfin, pour clore ces Rendez-vous 2008, Frédéric Flamand recrée Metropolis avec le Ballet national de Marseille dont il assume la direction depuis 2004. Née de la collaboration avec l’architecte Zaha Hadid, cette pièce entremêle flux d’images urbaines et corps dansants dans une scénographie mouvante où s’hybrident le réel et le virtuel. Une vision saisissante de l’entropie contemporaine….

Gwénola David

Les rendez-vous chorégraphiques de Sceaux, du 9 au 31 mai 2008.