La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

Galin Stoev

Galin Stoev - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre de la Colline
Galin Stoev CR : Elsa Revol

Théâtre de la Colline / Yana Borissova / mes Galin Stoev

Publié le 22 février 2016 - N° 241

Pour la troisième fois, Galin Stoev monte un texte de sa compatriote dramaturge, Yana Borissova. Les Gens d’Oz ou l’histoire d’une communauté étrange, qui laisse émerger la beauté et la fragilité des sentiments.

Qu’est-ce qui vous attache à l’écriture de Yana Borissova ?

Galin Stoev : Je suis particulièrement interpellé par ses textes, qui ouvrent sur un monde profondément poétique, et en même temps plein d’autodérision. En fait, je suis touché par le fait qu’elle parvienne constamment à réinventer notre propre capacité de sentir. Les textes de Borissova sont très simples du point de vue de leur structure, mais très complexes quant aux sentiments qu’ils mettent en jeu. Elle écrit essentiellement sur nos sentiments, et non pas sur les événements, sur ce qui arrive. C’est quelque chose d’assez rare dans l’écriture théâtrale contemporaine de créer un champ commun, où les spectateurs et les comédiens peuvent se rencontrer en explorant la vulnérabilité émotionnelle, et cela, chez Yana Borissova, toujours à travers une situation singulièrement ludique.

« Yana Borissova écrit essentiellement sur nos sentiments, et non pas sur les événements. »

  Pourquoi la rapprochez-vous de Tchekhov et Marivaux ?

 G.S. : J’aime les auteurs qui explorent les limites de la langue. Cela les pousse à ouvrir de nouveaux espaces d’expérience. Chez Marivaux, par exemple, la langue atteint un niveau de sophistication tel qu’une même phrase peut dire tout à la fois une chose et son contraire. Chez Tchekhov, par contre, la langue atteint ses propres limites à exprimer la réalité, et nous invite plutôt à l’approcher par l’expérience. Ainsi, chez ces deux auteurs, la langue acquiert une épaisseur ou une physicalité  propre. Chez Yana Borissova, la langue trouve également une certaine physicalité  paradoxale, dans un langage très organique, articulé selon une construction musicale rigoureuse, mais qui rend finalement à cette expérience toute son épaisseur poétique.

  Que raconte Les Gens d’Oz ?

G.S. : À un premier niveau, l’intrigue présente une série de personnages habitant dans une maison de caractère, qui évoluent autour d’une écrivaine célèbre. Mais au fond, ce qu’il s’agit surtout d’observer, c’est le croisement, dans un espace-temps singulier tissé par cette écrivaine, de quelques âmes perdues et sensibles, alors que le monde extérieur leur paraît hostile et incompréhensible. Leur seul remède contre tout ce qui les agresse n’est autre que la beauté et la fragilité de leurs sentiments. C’est une histoire sur la création artistique, sur l’amour et la poésie cachée dans nos gestes de tendresse ou de trahison.

  Quels défis ce texte pose-t-il à la mise en scène ?

 G.S. : Je l’ai lu comme une partition musicale qui doit donner l’impression de se réaliser comme une jam session. Cela demande donc tout à la fois une très haute précision, un sens aigu de la légèreté, mais aussi beaucoup d’humour. Trouver cet équilibre dans la construction, le rythme et le jeu, est un véritable défi pour le metteur en scène et les comédiens.

  Propos recueillis par Eric Demey

A propos de l'événement

Les Gens d'Oz
du jeudi 3 mars 2016 au samedi 2 avril 2016
Théâtre de la Colline
15 Rue Malte Brun, 75020 Paris, France

du mercredi au samedi à 20h, le mardi à 19h, le dimanche à 16h. Tel : 01 44 62 52 52.

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