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Cirque - Entretien

Soutenir la liberté de créer

Soutenir la liberté de créer - Critique sortie Cirque
Yveline Rapeau, nouvelle directrice de la Plateforme 2 Pôles Cirque en Normandie (La Brèche à Cherbourg et le Cirque-Théâtre d’Elbeuf). Crédit : DR

Région / Pôles nationaux des Arts du Cirque de Normandie / Festival Spring / Entretien Yveline Rapeau

Publié le 22 février 2016 - N° 241

Yveline Rapeau, à la tête des deux Pôles Nationaux des Arts du Cirque de Normandie, revient sur son projet et ses ambitions, elle livre son regard sur le devenir du cirque aujourd’hui, et sur celui du festival Spring à l’échelle de la région.

Votre nomination à la tête de la plateforme entre Cherbourg et Elbeuf a-t-elle modifié la conception du festival ?

Yveline Rapeau : Je vais faire une réponse de normand… donc oui et non ! Non, parce que la préparation d’un tel festival se fait tellement en amont que ce n’était pas raccord avec la date de ma nomination. Et oui, car cette édition de Spring prend cette nouvelle configuration en compte, mais pour « marquer le coup », car il s’agit seulement des premiers pas de cette plateforme cirque en Normandie. La première implication et co-signature entre les deux pôles cirque se concrétise à travers les spectacles de Yoann Bourgeois, avec Elbeuf et Caen, et du CNAC, dont Avec vue sur la piste a bénéficié d’un temps de travail à la Brèche, pour ensuite symboliquement rayonner à l’échelle de la région.

« Le cirque va bien aujourd’hui, et Spring le montre. »

Pourquoi cette mise en lumière en 2016 de Chloé Moglia et de Phia Ménard ? Est-ce pensé en résonnance avec la présence de Phia Ménard au CCN de Caen ?

Y. R. : Cela fait cinq ans que nous travaillons à la venue de Phia, et c’est un heureux hasard que nous nous soyons retrouvées avec le CCN. L’approfondissement de cette relation se construit dès cette année, ce qui nous amène à anticiper ensemble pour Spring 2017, à travers le travail de son artiste complice Mélanie Perrier. J’aime la singularité de Chloé et Phia : elles écrivent une œuvre, et c’est ce que je souhaite montrer en proposant ces parcours d’artistes. Ce sont deux univers très différents, mais j’y vois peut-être un point de convergence : elles sont dans la convention du spectacle dont elles maîtrisent l’écriture, mais avec le désir de laisser une part à la dimension performative.

Quels sont les spectacles du festival qui ont bénéficié d’un accompagnement ?

Y. R. : Tous les spectacles de Phia Ménard… Puis Noos, Aneckxander, Tu, Celui qui tombe, La Poème, Péripéties, Le Mouvement de l’air, Bruit de Couloir, L’Effet Bekkrell, La femme de trop… Quasiment tous, mais je ne m’interdis pas la simple diffusion. Comme La Brèche est un lieu de fabrique, bien évidemment Spring est l’occasion privilégiée de programmer ses créations. L’effet plateforme va être démultiplié à partir de la saison 16-17 où la synergie entre les deux pôles cirque sera pleine et entière, avec un nouveau temps fort entièrement dédié à la création qui verra le jour à Elbeuf à l’automne.

Vous parlez d’un foisonnement, et d’une nouvelle génération qui prend sa place. Cela veut-il dire que le cirque va bien ? 

Y. R. : Il va bien, et pour donner un peu plus de poids et de profondeur à mon optimisme, je dois dire que j’ai eu ce questionnement sur le devenir du cirque il y a environ cinq ans. Trois phénomènes se conjuguaient : d’abord la création sous chapiteau reculait tellement qu’on pouvait s’interroger sur son avenir. Ensuite, c’était la disparition des grandes formes, et a contrario existait une prolifération de solos et de duos. Et puis il y avait une crise générationnelle, puisque les anciens fermaient boutique. Toutes les questions de transmission ont surgi en même temps qu’une crise esthétique, car nous finissions un cycle avec les metteurs en scène et chorégraphes du CNAC, les grands Nadj, Lattuada, Lavaudant… La nouvelle génération s’est enfin affranchie du modèle et du référent CNAC. Aujourd’hui, se profile un mouvement très porteur de promesses et d’horizons ouverts, parce que les circassiens assument une liberté entière de créer comme bon leur semble. Ils vont vers la danse, vers les arts numériques… Ils prennent ce dont ils ont besoin pour dire ce qu’ils ont à dire. Le cirque va bien aujourd’hui, et Spring le montre.

Propos recueillis par Nathalie Yokel

 

A propos de l'événement

Soutenir la liberté de créer
du jeudi 10 mars 2016 au samedi 2 avril 2016


Festival organisé par Plateforme 2 Pôles Cirque en Normandie / la Brèche à Cherbourg – Cirque-Théâtre d’Elbeuf. www.festival-spring.eu

 

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