La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Les Cavaliers

Les Cavaliers - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre La Bruyère
Eric Bouvron, Grégori Baquet (dans le rôle d’Ouroz en alternance avec Benjamin Penamaria), Maïa Gueritte et Khalid K. Crédit : Lot

Théâtre La Bruyère / de Joseph Kessel / adaptation libre d’Eric Bouvron / mes Eric Bouvron et Anne Bourgeois

Publié le 22 février 2016 - N° 241

Présentée à Avignon l’été dernier, cette adaptation du chef-d’œuvre de Joseph Kessel, d’une grande poésie dramaturgique, s’apparente à la chanson de geste.

Comment en une heure vingt, peut-on, sans en trahir l’esprit et la lettre, transposer pour le théâtre ce roman aux dimensions épiques, fable mythique des plus belles et des plus féroces que Joseph Kessel nous ait contée ? L’existence de cette adaptation périlleuse à plus d’un titre – périls hardiment relevés – tient d’abord à la fascination de celui qui la signe. « J’ai souhaité, déclare Eric Bouvron, raconter sur scène une histoire extraordinaire et universelle, une histoire qui nous amène là où l’on n’ose pas, plus, aller… l’Afghanistan… Une histoire d’hommes, d’honneur, de dignité, de fierté. ‘Un testament à la vie’ comme le disait Kessel lui-même ». Le charme de cette adaptation doit également beaucoup sans doute au goût du voyage de celui qui a permis au roman d’exister sur scène : « avant de travailler sur le plateau, j’ai eu besoin de partir dans les terres inconnues où l’histoire se passe. Pour m’imprégner. Pour sentir. (…) C’est là-bas que nous avons trouvé des éléments proches d’une époque perdue ». Co-metteur en scène avec Anne Bourgeois de cette épopée initiatique, l’un et l’autre s’entendent pour donner au spectacle le relief d’une chanson de geste. Son héros, le jeune et orgueilleux Ouroz, est le fils du grand Toursène, entré dans la légende des tournois de Bouzkachi, sport équestre fameux en ces contrées.

Une mise en scène dynamique et acoustique

Trois petits tabourets de bois, trépieds harnachés, tiendront lieu de chevaux, protagonistes essentiels à l’intrigue. Un simple pan de rideau blanc, voile léger retombant à mi-scène sur un tapis persan aux dimensions du plateau, suffit à évoquer l’Orient. L’empreinte exotique ne s’enrichit que d’un jeu de costumes à la mode orientalo-musulmane, permettant aux trois acteurs sur scène d’endosser tour à tour à vue les différents personnages que chacun a à interpréter. Ce dépouillement scénographique métaphorique, dont on sent bien qu’il est l’effet d’un savant travail de recherche destiné à amplifier l’effet émotionnel, valorise la poésie gestuelle des incarnations très dynamiques et très sincères d’Eric Bouvron, de Grégori Baquet (dans le rôle d’Ouroz en alternance avec Benjamin Penamaria) et de Maïa Gueritte. Si tout concourt à faire de ce spectacle une réussite, la part qui revient à la musique est majeure. Khalid K en est l’auteur, qui, présent sur scène, assure également avec un brio discret tous les bruitages qui accompagnent l’action en l’exaltant. Le récit, dont les multiples rebondissements prennent forme grâce aux inventifs jeux de scène, trouve dans l’ambiance sonore beaucoup mieux qu’un accompagnement : un stimulant puissant.

Marie-Emmanuelle Galfré

A propos de l'événement

Les Cavaliers
du mercredi 3 février 2016 au mardi 3 mai 2016
Théâtre La Bruyère
5 Rue la Bruyère, 75009 Paris, France

Du mardi au samedi à 21h, matinée le samedi à 15h30. Tél : 01 48 74 76 99. www.theatrelabruyere.com

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