(concert annulé) Jean Marie Machado et Antonio Placer
Paseo de voz : double plateau en toute [...]
Jazz / Musiques - Entretien JAZZ/MALAKOFF
En résidence artistique pour deux ans à Malakoff, le contrebassiste Yves Rousseau y propose sa nouvelle création autour de Franz Schubert avec son érudit Wanderer Septet.
Franz Schubert est le sujet de votre création. Est-ce un hommage, une relecture, une recomposition ?
Yves Rousseau : C’est une sorte de divagation autour des mélodies de Schubert qui ont bercé mon enfance. Je vais chercher bien sûr dans les lieder, mais aussi dans la musique de chambre, et même quelques bribes piochées dans les symphonies. Les jazzmen sont de grands pirates, et je ne suis pas le premier à aller puiser dans d’autres musiques : Duke Ellington l’a fait avec Bartok dès les années 1930. Et plus près de nous Andy Emler est allé travailler autour de Ravel et Debussy, Edouard Ferlet sur Bach…
Comment expliquez-vous que les compositeurs du début du vingtième siècle ont plus été sujets d’emprunts par les jazzmen que les romantiques du siècle précédent ?
Y. R. : Satie, Debussy, Ravel ont développé un gros travail autour des couleurs harmoniques, des problématiques et des innovations qui étaient plus proches de la démarche des jazzmen. Mais on pourrait aussi trouver pour certains des correspondances avec le baroque. Moi-même, lorsque j’ai monté voici quinze ans mon quartette, j’y ai vite trouvé des parentés avec la musique de chambre… Cela fait partie de mon univers, de mes références, tout comme certains grands noms de la pop des années 1970 ou des auteurs de chanson. Je crois que ce qui nous rassemble, les musiciens de mon septette et moi, c’est cette volonté de ne pas se restreindre à un champ délimité. Le jazz, c’est une ouverture, une posture.
Quelle est justement la place de l’improvisation dans cette création ?
Y. R. : Il y a des espaces d’improvisation cadrés, sur des accords, d’autres plus libres, mais tout cela est très calculé, et décidé collectivement. Je donne simplement les indications, mais il faut la validation de tous. Et dans le cas de Schubert, j’ai choisi d’utiliser le matériau mélodique, dont je compose et propose une nouvelle mise en scène musicale. J’avais déjà fait cela avec les textes de Léo Ferré.
Vous avez justement recours à quelques textes de Schubert : est-ce dans un souci de narration ?
Y. R. : Il ne s’agit pas vraiment d’une histoire. Ce sont des extraits de textes qui parlent plus ou moins de Schubert, relativement terre à terre, avec quelques anecdotes extraites de ses correspondances, assez révélatrices du personnage et de l’époque. J’aime la littérature, et j’ai fréquemment recours au mélange des genres dans les programmes que je monte.
Ce spectacle aura-t-il la chance d’être diffusé ailleurs, voire d’être enregistré ?
Y. R. : Les jazzmen se plaignent depuis longtemps que les créations soient trop peu jouées. Le spectacle va heureusement tourner. Nous avons déjà une dizaine de dates pour 2014, et il est prévu que cela continue la saison suivante. Un album doit être enregistré au tout début du mois de juillet prochain : il faut garder une trace.
Propos recueillis par Jacques Denis
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