Youssou N’Dour sur la piste aux étoiles

« Avec la culture et en particulier la musique, nous sommes parvenus à résister aux modèles post-coloniaux que l’on voulait nous imposer. Ils n’ont pas réussi à modifier nos fondamentaux. Il faut garder les bases : pour que les gamins, même s’ils se perdent, les retrouvent toujours en place. C’est le rôle historique de notre génération. » Cette confidence recueillie voici six ans explique pourquoi, depuis toujours et malgré tout, la base de Youssou N’Dour, c’est Dakar, la ville où il a construit sa carrière et son empire. Influent patron de presse, homme impliqué dans la vie politique locale, l’enfant grandi dans le giron d’une grand-mère Mame Marie Sène qui chantait pour les rois est l’une des superstars de la Médina de la capitale sénégalaise, mais aussi l’une des trop rares pop stars africaines, grâce notamment à son tube « Seven Seconds » avec Neneh Cherry en 1994.

La légende du Super Etoile

Né d’un mariage qui brisait les tabous – l’union contre-nature d’une griotte et d’un simple ouvrier mécanicien -, celui que tout un pays surnomme « You » s’est imposé sur la scène nationale au sortir des années 1970. Un passage chez le doyen Ibra Kassé, quelques années de formation dans le Diamono, avant de cofonder à tout juste vingt ans l’Etoile de Dakar qui deviendra vite son groupe sous le nom de Super Etoile. Youssou va imprimer un nouveau son, le mbalax, une danse qui remet en avant la tradition et les percussions wolof, sans tout à fait gommer les influences “latines”. 
La bande-son de l’après Senghor, à l’image du thème “Atou” qui le porte en triomphe dès 1982. Plus de trente ans et un siècle plus tard, celui qui mit à genoux – tous debout ! – l’Espace Ballard est de retour avec sa fidèle équipe et quelques invités, au moment même où nombre de grandes formations mythiques ouest-africaines reprennent du service.

Jacques Denis