La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Classique / Opéra - Critique

Yes !, une opérette de Maurice Yvain avec la Compagnie Les Brigands, une production du Palazzetto Bru Zane

Yes !, une opérette de Maurice Yvain avec la Compagnie Les Brigands, une production du Palazzetto Bru Zane - Critique sortie Classique / Opéra Paris Athénée Théâtre Louis-Jouvet

de Maurice Yvain, Compagnie Les Brigands, Palazzetto Bru Zane

Publié le 21 décembre 2019 - N° 283

Menée tambour battant par la Compagnie Les Brigands, cette production initiée par le Palazzetto Bru Zane, à la fois fidèle et hautement ingénieuse dans les libertés qu’elle prend, ravive la musique et le texte de l’opérette de Maurice Yvain.

Tout est une question de rythme. Pour retrouver l’esprit de Yes !, il faut se laisser emporter par le tourbillon du livret. Au-delà de clins d’œil malicieux à l’époque de la création, Vladislav Galard et Bogdan Hatisi, les metteurs en scène, s’appuient avant tout sur les personnages et ce mouvement implacable qui les projette au premier plan puis aussitôt les précipite dans l’ombre. Toute la force virevoltante du spectacle part de là, adossée à une distribution impeccable, fidèle à cette tradition musicale menant des opéras bouffes d’Offenbach à Yes !. Surtout, chacun incarne son rôle avec son propre magnétisme. Tour à tour noceur infatué, fils soumis ou révolté, amoureux hâve, le Maxime Gavard de Célian d’Auvigny donne le ton de rapports humains qui se reconfigurent sans cesse. Clarisse Dalle joue Totte – manucure montmartroise devenue, à Londres, par stratagème, épouse de l’héritier – avec le naturel qui sied aux airs qui lui sont confiés : sa confession amoureuse (Yes!), chantée avec une sensualité simple et délicate, comme son emportement contre le beau-père tyrannique. Ce René Gavard, « roi du vermicelle », est campé avec une grandiloquence jamais forcée par Éric Boucher – tout est dans la posture ! Les complaintes de César (Mathieu Dubroca), valet aux ambitions électorales, les haussements de col de Roger/Régor, coiffeur devenu chanteur de charme (Flannan Obé), la balourdise naïve de Saint-Aiglefin (Gilles Bugeaud, dans un registre bouffe à la Offenbach), les aigreurs de son épouse (Anne-Emmanuelle Davy), tout se répond parfaitement, d’airs en dialogues.

Inventivité et couleurs inattendues

Et que dire de Caroline Binder, qui endosse le costume de la demi-mondaine Loulou et celui de Clémentine, sur lequel flotte encore, assumée, l’immortelle gouaille d’Arletty ? Et d’Emmanuelle Goizé, irrésistible en furie exotique dévoreuse d’hommes ! L’énergie du spectacle tient aussi beaucoup à la musique. De la partition originale, écrite pour un duo de pianistes, les trois musiciens (Paul-Marie Barbier, Matthieu Bloch, Thibault Perriard) tirent des arrangements vifs, colorés, inattendus, convoquant, autour du trio piano-contrebasse-batterie, tantôt un vibraphone, tantôt un duo de guitares. Pleinement intégrée au jeu de scène, cette musique se montre aussi furieusement inventive que les lyrics d’Albert Willemetz.

 

Jean-Guillaume Lebrun

A propos de l'événement

Yes !,
du jeudi 19 décembre 2019 au jeudi 16 janvier 2020
Athénée Théâtre Louis-Jouvet
Square de l’Opéra Louis-Jouvet, 75009 Paris.
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