Zabou Breitman a écrit et interprète « Dorothy », traversée de la vie et de l’œuvre de Dorothy Parker
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Malgré une belle distribution, l’évocation d’un monde où les repères se brouillent que propose James Brown mettait des bigoudis, pièce écrite et mise en scène par Yasmina Reza, se transforme en une errance lancinante et pessimiste.
« Beaucoup de choses nous échappent. Je ne voudrais pas ici donner des clés qui n’en sont pas » écrit Yasmina Reza dans la feuille de salle distribuée à l’entrée de James Brown mettait des bigoudis. Et c’est effectivement un sentiment de flou, de vague, d’un propos qui ne se précise jamais – qui se masque ? – qui prédomine tout du long de la pièce. Lionel et Pascaline Hutner ont un fils, Jacob, qui depuis l’âge de 5 ans se prend pour Céline Dion. Ces personnages sont issus d’un roman de l’autrice, Heureux les heureux. S’y agrègent ici Philippe, étudiant blanc qui croit, lui, qu’il est noir, et la psy de la maison de repos où les deux jeunes gens se trouvent, qui ne s’avérera pas beaucoup plus équilibrée que son duo de pensionnaires. Les personnages de Yasmina Reza sont perdus donc, en quête d’identité. Ils essayent de se comprendre mais n’y parviennent jamais, chacun étant renvoyé à sa solitude ontologique que seul l’amour pourrait dépasser, comme le suggère la belle image de fin, seul moment véritablement émouvant d’un spectacle qui laisse bien des interrogations et des regrets. En effet, concernant les regrets, l’occasion était belle de traverser ces questionnements ô combien actuels sur ce qu’est finalement la nature de chacun et parallèlement celle de nos rapports qui se dégradent avec la Nature, celle avec un grand N.
Chacun s’enferme dans une sorte de ridicule
Mais James Brown mettait des bigoudis ne prend ses personnages qu’à travers leur cocasserie et les fait tourner en rond. Comme Micha Lescot, alias Jacob, alias Céline Dion, qui chaloupe dans son hula-hoop, comme Alexandre Steiger, alias Philippe, noir blanc qui s’enchaîne à son sycorus ( un arbre inventé ), ou comme Christèle Tual, psy farfelue en trottinette électrique qui réinvente la fin de Cendrillon, chacun se fige dans une sorte de ridicule. Hors les parents (Josiane Stoléru et André Marcon) qui sont d’une génération plus raisonnable et traversent ces excentricités accrochés à leur bon sens. Un dispositif générationnel qui interroge plus qu’il ne fait rire. Les situations se répétant, les relations n’évoluent que très lentement, vers le pire, et les scènes successives présentent finalement bien peu d’enjeux. La scénographie léchée exploite le grand plateau de la Colline pour projeter des images de Nature artificielles, et les transitions musicales sont belles mais redondantes. « Il n’y a pas de plus grande entourloupe que la nature » fait dire Reza à l’un de ses personnages. C’est la thématique centrale du spectacle, il y avait là matière à réfléchir, mais James Brown mettait des bigoudis, malgré ses interprètes haut de gamme, flotte hors-sol, erre dans un air du temps dont l’autrice semble plus tentée de se gausser qu’elle ne trouve à s’en inspirer.
Eric Demey
du mercredi au samedi à 20h30, le mardi à 19h30, et le dimanche à 15h30 sauf les 1er et 8 octobre à 16h30. Tel : 01 44 62 52 52. Durée : 1h45.
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