Ivres d’Ivan Viripaev, mise en scène d’Ambre Kahan
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Dans sa première pièce, Vivre !, le metteur en scène en scène et comédien Frédéric Fisbach mêle ses mots à ceux du Mystère de la charité de Jeanne d’Arc de Charles Péguy. Sans réussir à tisser entre eux les liens escomptés pour interroger le futur au temps des incertitudes.
Si pendant le confinement, nombreux furent les artistes et directeurs de lieux à dire la nécessité de changer les modes de production et de diffusion du théâtre, d’en repenser les récits, rares sont les spectacles de cette rentrée à porter la trace de ces réflexions. Pour être prêtes à temps, les créations ont repris leur cours là où elles s’étaient arrêtées. À moins que leur facture ne permette des adaptations de dernier moment. La première pièce de Frédéric Fisbach en tant qu’auteur et metteur en scène est de celles qui sont capables d’accueillir le présent. Située en 2026, où trois comédiennes se retrouvent autour d’un projet théâtral abandonné à la mort de leur metteur en scène en 2020, Vivre ! a largement muté depuis qu’elle est née dans l’esprit de son auteur, il y a deux ans. Tout en mêlant comme prévu ses mots à ceux du Mystère de la charité de Jeanne d’Arc de Charles Péguy, Frédéric Fisbach intègre à son texte les questionnements qu’a fait naître ou mûrir chez lui la crise sanitaire. En faisant replonger ses protagonistes dans les débuts de l’épidémie de coronavirus, au moment du « premier confinement » et de la première fermeture des théâtres, le spectacle affirme une volonté appuyée de rappeler que l’on « naît plusieurs fois dans une vie », qu’un « avenir possible et désirable » est encore possible. Mais si dans la fiction, les trois actrices qui reprennent leur travail sur la pièce de Charles Péguy ont eu six ans pour penser la catastrophe et inventer des manières de s’en relever, ce n’est ni le cas de l’auteur ni celui des interprètes du spectacle.
La bande des trois et leur fantôme
Vivre ! échoue à s’élever au-delà des lieux communs sur l’époque, dont la cohabitation avec de longs passages du Mystère de la charité de Jeanne d’Arc apparaît artificiel. La présentation du spectacle faisait rêver à des grands films de Jacques Rivette, comme L’Amour fou (1968) ou La Bande des Quatre (1988), où la vie de troupes de théâtre se mêle dans la joie et la douleur aux pièces qu’elles montent. Au lieu de quoi nous découvrons un théâtre dévitalisé, dont les interprètes centrales – Madalina Constantin, Flore Lefebvre des Noëttes et Laurence Mayor – sont autant éloignées du metteur en scène qui parle depuis son au-delà que de la Jeannette de Charles Péguy. Trop peu développée pour prétendre à être davantage qu’un prétexte à la lecture de longs passages du drame médiéval, la fiction située dans un futur proche révèle un manque de confiance dans l’intelligence du spectateur. Avec leur attitude de « petites filles d’un autre âge », Flore Lefebvre des Noëttes et Laurence Mayor ne sont de toutes façons pas au bon endroit pour transmettre la flamboyance du verbe de Péguy. Avec les cercles qu’elles tracent à la craie sur le plateau au début du spectacle, avec leurs gestes barrière auxquels elles ne renoncent qu’après de très longues tirades et discussions, elles et leur troisième complice suscitent moins l’envie de théâtre que de réclusion solitaire.
Anaïs Heluin
du mercredi au samedi à 20h, le mardi à 19h et le dimanche à 16h. Relâche le dimanche 4 octobre. Tel : 01 44 62 52 52. www.colline.fr
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