Via Injabulo, deux créations de Marco Da Silva Ferreira et Amala Dianor : tremblez gradins
cour minérale / via katlehong / Amala Dianor / Marco Da Silva Ferreira
Publié le 11 juillet 2022 - N° 301La Compagnie sud-africaine Via Katlehong s’est adressé aux chorégraphes Marco Da Silva Fereira et Amala Dianor pour une création faisant appel aux racines de la pantsula, danse sociale et contestataire des township d’Afrique du Sud. En y impulsant leurs propres énergies, les deux chorégraphes proposent une soirée puissante et viscérale. Jusque dans les gradins. Pour une fête qui ne se termine pas.
Un plateau blanc et huit danseurs et danseuses entrent en scène, habits dépareillés. Ça commence par des souffles bruyants, un corps qui se gonfle et se dégonfle, se tord et se raidit, se fige et se déconstruit. Puis dans un quinconce parfait, le groupe prend forme. La pantsula jaillit dans les bras, les expressions. L’énergie du bas, de l’ancrage des pieds aux mouvements des bassins, se diffuse dans tous les corps et jusque sur le plateau tremblant. Un défilé de mouvements se construit, en duo (forme originelle de la pantsula) ou en trio, mais les artistes se rejoignent toujours, ne serait-ce que par un regard. Førm inførms, première partie de Marco Da Silva Ferreira, est une danse charnelle qui n’a pas de genre. Sur le plateau, ça siffle, parle, crie, encourage. Une danse furieusement vivante, oserait-on dire.
Énergie furieuse et communicative
Et tout se tait, pour laisser les techniciens du festival transformer la scène à vue : la toile blanche laisse place au tapis de sol noir, et une intrigante installation électronique, qui se révélera être une table de mixage suspendue, se construit sous nos yeux. Enfin, le Emaphakatini d’Amala Dianor (« l’entre-deux », en zoulou, lieu où chacun tente d’exister) se dévoile sous la forme d’un show endiablé. Les danseurs déboulent sur scène à la manière de superstars. Ils jouent avec et dans le public. Se photographient avec. Tandis que l’un s’installe aux platines, casque sur la tête, une transe linéaire se met en marche sur de l’amapiano, musique dérivée de la house aux sonorités traditionnelles sud-africaines qui accompagne et entraine cette parade unie. Le style métissé d’Amala Dianor fait de la pantsula la pièce maitresse d’une gestuelle plurielle par laquelle on se laisse porter. Le groupe achèvera par faire musique de leurs cris et de leurs pas. Le public de cette première lui rendra cette force en tapant du pied les gradins, faisant résonner la Cour Minérale des sonorités de la pantsula.
Louise Chevillard
A propos de l'événement
Via Injabulodu dimanche 10 juillet 2022 au dimanche 17 juillet 2022
Festival d'Avignon. Cour minérale - Avignon Université
à 22h. Durée 1h15.