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Venezuela est une pièce magistrale d’Ohad Naharin créée pour la Batsheva Dance Company. Elle est présentée à Chaillot-Théâtre national de la Danse pour la deuxième fois.
Depuis son arrivée à la tête de la Batsheva Dance Company en 1990, les œuvres d’Ohad Naharin et la création de sa nouvelle technique « Gaga » électrisent le monde de la danse contemporaine. Il a fait grimper la Batsheva en tête des troupes internationales et a formé la pléiade de chorégraphes qui comptent actuellement : d’Hofesh Shechter à Sharon Eyal en passant par Hillel Kogan… Bref, il est devenu une des têtes de file de la danse d’aujourd’hui en popularisant une esthétique qui lui est totalement singulière. Ses danseurs virtuoses nous plongent par leurs mouvements étranges dans les profondeurs de nos sensations et de nos émotions. La danse est un art incandescent et Ohad Naharin aime jouer avec le feu et les tabous, religieux, sexuels, ou politiques, sans jamais vouloir asséner un point de vue ou une narrativité de mauvais aloi.
Un voyage passionnant
Venezuela , créé en 2017, ne déroge pas à la règle. Mixant avec un talent fascinant une gestuelle qui se désarticule et se restructure de façon organique, Ohad Naharin joue d’étirements infinis des membres comme pour chercher une forme d’élévation, de ralentis où le groupe s’entrelace et se rétracte, de portés en apesanteur. Des chants grégoriens, du rap (The Notorious B.I.G.) ou du rock (Rage Against the Machine) rythment le spectacle, libérant une sensualité farouche, voire virulente. Dans cette pièce « à surprise » Naharin explore le dialogue et le conflit, l’ordre et le chaos en donnant à voir le mouvement sous des angles différents, réinterprétant sans cesse la faille entre le geste et sa signification et attisant la curiosité. Bien sûr, le message de cette pièce a une coloration politique, même si le chorégraphe laisse ouvertes toutes les possibilités. Il y est question d’un pays – ici nommé Venezuela – où s’affrontent des religieux et des profanes, où l’on rêve que les nationalismes soient abolis, où chaque événement est sujet à de multiples interprétations, parfois radicalement éloignées… C’est une pièce puissante qui suggère que le vivre ensemble est toujours possible. Selon Ohad Naharin, elle « n’offre qu’une multiplicité de choix qu’il vous appartient de saisir, mais ne dispense aucune vérité ».
Agnès Izrine
Tlj à 20h30, les jeudis à 19h30, les dimanches à 15h30. Relâche les lundis.
Tél : 01 53 65 30 00.
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