« Je voyais ça plus grand » de Thomas Chopin et Simon Tanguy
Seul en scène, Simon Tanguy ausculte son [...]
Un plateau nu, une cage de scène dépouillée, et des conventions complètement écartées : ce solo de Tiran Willemse est une étonnante traversée de l’intimité artistique de l’artiste. Poignante et délicate, la performance captive.
Le bazar de l’arrière-scène est apparent, une porte de couloir mal éclairée ouvre sur le plateau, les pendrillons sont pliés et attachés, et, sur scène, personne. La musique n’attend pas et démarre sans interprète. Puis, dos à nous, Tiran Willemse, débarqué depuis la salle, répète inlassablement une traversée classique inspiré du ballet Giselle, reprenant tour à tour attitudes, demi pliés et dégagés, sans jamais lever le regard sur le public qui le regarde, introduisant une intimité au plateau qui ne le quittera plus. Destiné à devenir danseur classique, l’artiste met ici en scène l’essentiel de son parcours, marqué par la déterminante découverte du contemporain. Peu à peu, le port de tête faiblit, les mouvements s’assouplissent, et les strictes traversées rompent les traditionnels allers-retours entre cour et jardin pour dévier en cercles et en diagonales.
Un envol personnel et artistique, partagé avec le public
On découvre alors que tout est dissocié. La musique passe d’un morceau à l’autre sans anticipation possible, et la lumière se coupe tandis que Tiran Willemse continue de danser. Ces cassures dans l’esthétique interviennent à mesure que l’artiste s’ouvre à nous et à l’espace, semblant redécouvrir ce qui l’entoure et ses propres capacités, entrainant une joie de plus en plus significative et touchante. Cette grande et belle libération, jubilatoire, intervient comme une respiration que nous saisissons au vol. Car alors que le danseur s’autorise à s’affranchir des codes, il nous convie également, par la simple expression de son visage, à s’approprier ce moment en sa compagnie. L’euphorie gagne l’espace. Comme un oisillon fébrile auquel il manquerait des ailes et dans son plus simple appareil (l’âge conseillé de la pièce se justifie alors), on assiste à un véritable envol. Fascinant, Tiran Willemse, hanté de ses fantômes, déploie pour nous une performance d’une douceur extrême, faisant de ce moment un grand privilège.
Louise Chevillard
à 10h. Relâche le 11. Dès 16 ans. Durée 1h10.
Spectacle présenté dans le cadre de la Sélection Suisse en Avignon
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