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Figure iconoclaste de la scène allemande, Antú Romero Nunes signe une comédie bâtarde très librement adaptée de l’opéra de Mozart.
Insolent impénitent, séducteur en diable et jouisseur libertaire : Don Giovanni ébouriffe à tout va les bonnes mœurs collées par l’étiquette pour sangler les désirs moites qui s’agitent au creux de l’homme. Dessiné par Tirso de Molina, taillé ici par la plume du librettiste Lorenzo Da Ponte, ce personnage mythique cavale depuis des siècles dans les imaginaires en liberté. « Don Juan est pour moi la figure la plus énigmatique de l’histoire de la littérature européenne. Un être qui ne fait que ce dont il a envie. Il a décidé de s’épargner tous les mauvais moments de la vie, les moments tristes, ennuyeux. », raconte Antú Romero Nunes. Manger, boire, baiser, se battre… La vie se résume-t-elle ainsi ? Ou cette quête effrénée des plaisirs révèle-t-elle une béance, qui git au cœur de l’humain ? « Parallèlement à la question de la séduction, il s’agit de la liberté du genre humain. Nous n’avons plus, comme autrefois, besoin de nous libérer d’un carcan moral. Aujourd’hui, il nous faut plutôt nous libérer de nos propres attentes face à la vie. Libérez-vous un peu de vos attentes et voyez ce qui se passe. Peut-être surgira-t-il quelque chose de nouveau. ». Le libertinage débridé de Don Giovanni résonnerait alors comme une métaphore de la mise à l’épreuve de ses propres limites et attentes…
Un opéra « joyeux »
« C’est un opera buffa, une comédie. Et Mozart et Da Ponte lui ont donné une profondeur supplémentaire. » poursuit le metteur en scène. « L’histoire de Don Juan n’est pas seulement racontée du point de vue du texte, du livret, mais aussi largement au travers de la musique de Mozart, qui donne à l’ensemble une tout autre dimension émotionnelle. Mozart était un joueur. Il voyait plus loin que la plupart de ses contemporains, et sa musique voit plus loin encore. ». En scène donc, la musique et le chant sans cesse faufilent du sens entre les mots, lardant la partition de Mozart d’envolées punk. « Mon imagination fonctionne mieux quand j’écoute de la musique. J’essaie toujours de l’utiliser comme si elle était un acteur supplémentaire. Il en va de même pour la scénographie. Tout ce qui se trouve sur la scène joue. » Et cette version-ci de l’opéra de Mozart, entre parodie déliquescente et déconstruction rococo, n’a pas fini de jouer dans les esprits !
Gwénola David
Festival d’Avignon. Opéra-Théâtre. Du 8 au 11 juillet à 18h. Tél. : 04 90 14 14 14. Spectacle en allemand surtitré en français. Durée : 2h30.
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