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Classique / Opéra - Gros Plan

Un week-end avec John Adams

Un week-end avec John Adams - Critique sortie Classique / Opéra Paris Philharmonie de Paris
Légende : Le compositeur John Adams dirige lui-même ses œuvres à la Philharmonie les 10 et 11 décembre. © Vern Evans

PHILHARMONIE DE PARIS / MUSIQUE CONTEMPORAINE

Publié le 20 novembre 2016 - N° 249

À la veille de ses soixante-dix ans, la Philharmonie de Paris célèbre le compositeur états-unien avec un florilège de ses œuvres et inspirations.

Dans la galaxie de la musique américaine contemporaine, John Adams est venu s’ajouter au milieu des années 1970 à la constellation des compositeurs minimalistes illustrée avant lui par Steve Reich, Philip Glass ou Terry Riley. Sans connaître, comme ses aînés, un succès qui dépasse les cercles habituels de la musique « savante », il demeure l’un des compositeurs les plus joués, tant aux Etats-Unis qu’en Europe. Sa musique repose avant tout sur la pulsation : Shaker Loops (1978) est ainsi devenue une véritable œuvre-signature (sa version originale, pour septuor, est donnée par les solistes de l’Orchestre national d’Île-de-France le 11 décembre). Mais c’est par le raffinement de son orchestration que John Adams a su se différencier et séduire, avec des œuvres comme Harmonielehre (1985), magistral et enivrant triptyque symphonique. L’orchestre de John Adams use habilement des contrastes entre transparence et effets de masse et l’on découvre dans ses partitions quelques trouvailles instrumentales indéniablement efficaces, comme l’étrangeté qu’introduit le cymbalum dans l’orchestration de Sheherazade.2 (2015), « symphonie dramatique pour violon et orchestre », dont Leila Josefowicz donnera la création française le 10 décembre.

Facilités et chefs-d’œuvre

Ces qualités d’orchestrateur, cependant, ne parviennent pas toujours à dissimuler les facilités d’écriture d’un compositeur qui use et abuse de l’ostinato (encore en tire-t-il, dans ses deux quatuors à cordes de 2008 et 2015, une certaine force hypnotique) ou tend dans ses concertos à faire de l’orchestre une simple toile de fond derrière l’agitation virtuose du soliste. Ainsi le Concerto pour saxophone, écrit en 2013 pour Timothy McAllister, qui le reprend le 10 décembre avec l’Orchestre national de Lyon, vaut-il davantage pour la place faite à cet instrument encore rare dans le répertoire concertant que pour son invention : le langage de John Adams y semble enfermé dans ses références néo-classiques. En revanche, dès qu’il se libère des formes convenues, le compositeur est capable de créer des œuvres fascinantes. Bien plus que dans ses opéras (Nixon in China, La Mort de Klinghoffer), l’opéra-oratorio El Niño (2000) impose son langage rythmique et harmonique et crée une fresque intensément dramatique, dont le foisonnement musical épouse celui des textes mis en musique dans cette évocation très personnelle de la Nativité, à laquelle John Adams et son librettiste Peter Sellars donnent une portée universelle. Le compositeur dirigera lui-même l’ouvrage le 11 décembre.

 

Jean-Guillaume Lebrun

A propos de l'événement

Un week-end avec John Adams
du samedi 10 décembre 2016 au dimanche 11 décembre 2016
Philharmonie de Paris
221 Avenue Jean Jaurès, 75019 Paris-19E-Arrondissement, France

Samedi 10 décembre à partir de 14h30, dimanche 11 décembre à partir de 11h. Tél. : 01 44 84 44 84.

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