Kaash
Kaash est la première pièce qui fit connaître [...]
Créé en 2004, Umwelt de Maguy Marin reste l’un des spectacles les plus forts et les plus révolutionnaires de ces dix dernières années. Une reprise à ne pas manquer !
Umwelt, qui signifie environnement sensoriel, mieux traduit par « le monde propre » à une espèce, est une réflexion sur l’être au monde. Véritable partition basée sur la marche, sur la durée, la pièce met en jeu la question du simulacre et des apparences, le quotidien dérisoire, les miroirs aux alouettes de notre société, tandis que les danseurs apparaissent et disparaissent selon un rythme inexorable et entêtant dans une sorte de couloir ajouré de panneaux miroitants. Garçons bouchers, femmes en robe de bal, étreintes ratées, fleurs fanées, on s’y bat, on s’y empoigne, on s’y embrasse, on s’y ressemble, on s’y distingue. On y jette nos détritus et nos vieux oripeaux. On crie. Tout est emporté par un vent de tempête et un dispositif musical extraordinaire – une corde qui passe sur trois guitares électriques couchées – qui renvoie au temps qui passe. Il provoque et propage cette espèce de mugissement collectif et anonyme, ce flux ininterrompu et confus de la vie, lui donne sa dimension sensible.
Une vision du monde sans concession
Dans ce drame, qui a pour caractéristique la transformation sous l’influence du temps d’événements disjoints en une seule ligne mélodique, la chorégraphie, toujours changeante, laisse filtrer d’autres images, d’autres gestes qui s’impriment sur cette toile de fond faussement immuable et se déposent peu à peu sur l’écran de notre inconscient. Mouvements, valeurs, apparences incessamment décomposés, recomposés, renoués, nous obligent à établir des rapports, des appréciations, à créer du physique prélevé dans l’immatériel, dans l’invisible de l’arrière-scène qui nous revient en pleine figure comme le boomerang de la conscience. Hypnotique, avec ces figures de retour du même, la pièce interroge les splendeurs et misères du vivre ensemble, d’une condition humaine éphémère et fragile, de façon radicale. Construite comme une fugue sur l’épuisement des possibles, Umwelt, créé en 2004 et reçu de façon houleuse à l’époque, n’a rien perdu de son impact, de sa puissance visionnaire pour décrire le monde qui nous entoure.
Agnès Izrine
Du 4 au 8 décembre à 20h30, le 6 décembre à 15h00. Dans le cadre du Festival d’Automne. Tél. : 01 42 74 22 77. Durée : 1h10.
Également : Le 11 décembre 2015 à L'apostrophe, Scène Nationale de Cergy-Pontoise et du Val d’Oise, le 15 décembre au Théâtre des Treize Arches à Brives, le 9 janvier 2016 au Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines, Scène nationale.