Tropique de la violence, d’après Nathacha Appanah, adaptation et mise en scène Alexandre Zeff

Ce fut l’un des grands succès de la rentrée littéraire 2016. Récompensé par de nombreux prix (dont le premier Prix Femina des lycéens et le Prix Anna de Noailles de l’Académie Française, destiné à une femme de lettres), Tropique de la violence nous transporte jusqu’à l’Ile de Mayotte où Moïse, un adolescent de 15 ans d’origine comorienne, erre dans les rues d’un immense bidonville après la mort de sa mère adoptive. Dans ce quartier peuplé de milliers de mineurs isolés, endroit ravagé par la violence et la misère, le jeune orphelin, livré à lui-même, fait la rencontre de Bruce. Il tombe sous la coupe de ce chef de gang sans foi ni loi… Adapté et mis en scène au Théâtre 13 par Alexandre Zeff, le roman de la journaliste et romancière Nathacha Appanah (paru aux Editions Gallimard) est un thriller extrême et ombrageux. Un texte polyphonique dont le fondateur de la Compagnie Camara Oscura s’est emparé à la façon d’un « oratorio étourdissant et lumineux », imaginant une représentation entre poétique, social et politique.

Une fusion des arts

« Avec l’équipe artistique que j’ai réunie, déclare Alexandre Zeff, nous proposons une œuvre transdisciplinaire où théâtre, danse, vidéo, musique live et dimension plastique fusionnent dans un même souffle poétique qui interroge notre conscience citoyenne. Nous ressentons la nécessité d’ouvrir les frontières entre les disciplines artistiques afin que jaillisse un spectacle métissé enrichi des puissances du divers. » Sur le plateau, Mia Delmaë, Thomas Durand, Mexianu Medenou, Alexis Tieno, Assane Timbo et la musicienne Yuko Oshima (en alternance avec Blanche Lafuente) donnent corps à ce concentré de jaillissements créatifs. Dans Tropique de la violence, tous les arts se conjuguent (la scénographie et les lumières sont de Benjamin Gabrié, les vidéos de Muriel Habrard et Alexandre Zeff) pour faire naître une multitude d’émotions, de sensations, de réflexions… Entre réalisme concret et onirisme flamboyant, cette création multicolore cherche à « révéler la pulsion cardiaque » de cette histoire pour nous mettre en mouvement et, à travers nous, porter notre monde à « davantage d’humanité et de solidarité ».

Manuel Piolat Soleymat