Tropique de la violence, d’après Nathacha Appanah, mise en scène Alexandre Zeff
Roman de l’autrice et journaliste Nathacha [...]
Julie Deliquet reprend son premier spectacle créé l’an dernier en tant que directrice du Théâtre Gérard-Philipe. La metteuse en scène y présente une adaptation dramatique d’une mini-série réalisée pour la télévision allemande, au début des années 1970, par Rainer Werner Fassbinder.
C’était il y a 50 ans. L’idée des producteurs de la chaîne de télévision allemande WDR était de réinventer le genre de la série familiale, dont les héros appartenaient traditionnellement à la bourgeoisie, pour créer un divertissement populaire ouvrant sur le monde prolétaire. Ils demandèrent à Rainer Werner Fassbinder d’écrire et de réaliser le projet. Diffusés d’octobre 1972 à mars 1973, les cinq épisodes de Huit heures ne font pas un jour* (Acht Stunden sind kein Tag) dévoilent, en 475 minutes, la vie des Krüger-Epp, une famille d’ouvriers habitant à Cologne. Ce sont les lignes multiples de cette trame fictionnelle entrelaçant sphères de l’intime et du politique que Julie Deliquet transpose sur scène, au Théâtre Gérard-Philipe de Saint Denis. Fidèle à l’humeur rieuse et utopique de l’œuvre de Fassbinder, comme elle est fidèle au théâtre d’acteurs qui la caractérise, la metteuse en scène signe un spectacle de troupe qui exalte les couleurs gaies et concrètes du vivant.
Une comédie du quotidien
Ils sont quatorze sur le plateau, appartenant à quatre générations différentes. Ils mangent, ils fument, ils boivent, ils rient, ils s’emportent, ils disent leurs espoirs et leurs craintes, leurs joies et leurs tracas. A travers leurs existences, s’expriment les petites choses du quotidien, ainsi que de vastes pensées sur la condition ouvrière, les rapports de classe, la xénophobie, la place de la femme dans le couple, l’accès au bonheur… Comédie du quotidien dénonçant l’immobilité d’une société qui peine à dépasser ses conservatismes, Huit heures ne font pas un jour célèbre l’énergie d’une époque qui, contrairement à la nôtre, faisait le choix de la pensée et de l’action collectives. Tout ceci engendre un spectacle prenant, souvent drôle, parfois touchant, mais qui donne l’impression de survoler la matière abondante dont il s’inspire. Réduite à trois heures, la fresque de Rainer Werner Fassbinder souffre de déséquilibres. Par moments un peu trop elliptique, par moments un peu trop bavarde, cette version condensée de Huit heures ne font pas un jour séduit sans totalement convaincre, laissant envisager un champ bien plus ample et riche d’expériences de vie.
Manuel Piolat Soleymat
du lundi au vendredi à 19h30, le samedi 1er octobre à 14h, le samedi 8 octobre à 17h, le dimanche à 15h, relâche le mardi. Durée : 3h10 avec entracte. Tél. : 01 48 13 70 00. www.tgp.theatregerardphilipe.com
Roman de l’autrice et journaliste Nathacha [...]