La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Toute la vie / L’Art du théâtre

Toute la vie / L’Art du théâtre - Critique sortie Théâtre
Photo : Patrick Imbert De la bonne humeur ensemble pour Toute la vie.

Publié le 10 décembre 2007

Après un prélude confié à la présence mature de Lou Castel, Pascal Rambert offre à un public jeune la légèreté de Toute la vie, un spectacle grand public pensé pour un chœur de performers.

D’abord, des bribes de réflexion sur L’Art du théâtre de Pascal Rambert, adaptées à l’expérience artistique de l’acteur Lou Castel, seul sur le plateau avec son cocker. Le sage divulgue ses conseils  : « Et si tu aboies – aboie bas. Tu dois faire tendre l’oreille. C’est eux qui doivent venir à toi. » Car les grands acteurs travaillent dans le silence, ils pèsent les mots à l’intérieur d’eux. Castel incarne une vie d’amour dévolue aux jeunes gens, articulée sur la haine du ton de messe de l’acteur français rivé au texte : « Moi, je ne suis constitué de rien d’autre que du présent. » Un précepte que le spectateur vérifie avec le spectacle suivant Toute la vie dans la grande salle. À n’en pas douter, le présent à Gennevilliers, c’est la mixité, avec blacks, blancs et beurs à l’intérieur de la bâtisse, médiateurs dans la salle ou performers sur le plateau. Rambert, nouveau directeur du Théâtre2 Gennevilliers, CDN de Création Contemporaine, inscrit sincèrement son théâtre dans la cité, avec des ateliers de théâtre scolaires et amateurs, avec la quête réfléchie de convivialité.

Un esprit de groupe revendiqué
Pour Toute la vie, la compagnie de performers et danseurs inclut quatre adolescentes de l’École Municipale de Danse, de même que quatre élèves, membres d’un quatuor à cordes dévolu à Bach du Conservatoire de Musique. La scéno, une boîte blanche post-moderne d’installation lumineuse et vide, investie par des interprètes vêtus de noir et de blanc. Pour un voyage dans un futur proche (2010-2085) en compagnie de Ah !, ses parents, ses histoires d’amour et de théâtre, ses retours en arrière, figurés sur le plateau par la permanence obsessionnelle d’une caméra et de micros perches. À gogo, des sentiments et de la guerre, de l’intimité à l’excès. Et des mots perdus, comme ceux du Prévisionniste : « L’enseignement français n’est qu’une merde. La France n’est qu’une merde. » Outre la banalité verbale : « Il y a dans faire l’amour la clé de la connaissance », on pourrait reprocher au concepteur d’avoir livré à la scène l’image attendue d’émission TV live, une Star’Ac d’excellence, chorégraphié avec des jeunes, filmés et enregistrés sur un plateau auxquels on offre le simulacre d’un rêve. Concédons une réussite formelle collective, à travers de belles présences scéniques, dont le ténor Michael Bennett ; un esprit de groupe revendiqué dans l’ici et maintenant du plateau qui échappe à tout approfondissement de la pensée et de l’imaginaire.
Véronique Hotte


Toute la vie
Texte, mise en scène et installation Pascal Rambert, du mardi au samedi 20h30, dimanche 16h jusqu’au 16 décembre 2007
L’Art du théâtre 
Du mardi au samedi 19h30, dimanche 15h jusqu’au 15 décembre 2007 au Théâtre2Gennevilliers 41, avenue des Grésillons 92230 Gennevilliers Tél : 01 41 32 26 26.

Textes publiés aux Solitaires Intempestifs

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